Les Etats-Unis ont bombardé des positions d'artillerie de l'Etat islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a annoncé vendredi le Pentagone. «Nous pouvons agir, de façon responsable et prudente, pour éviter un éventuel acte de génocide», s'était auparavant justifié le président. L'artillerie bombardée par les Américains aurait été utilisée par l'Etat islamique contre les forces kurdes, et les Etats-Unis affirment avoir agi pour protéger les Américains présents à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Les Etats-Unis ont également interdit aux vols commerciaux américains de survoler le pays. Néanmoins Barack Obama a réfuté l'idée d'envoyer des troupes au sol dans le pays «parce qu'il n'y a pas de solution militaire américaine à la crise». Sur le terrain, les forces kurdes d'Irak, de Syrie et de Turquie se sont unies pour assister l'armée irakienne face à l'offensive djihadiste. Lors d'un entretien téléphonique avec Massoud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan, François Hollande a confirmé à son interlocuteur «la disponibilité de la France à apporter un soutien aux forces engagées dans ce combat», sans préciser la nature de cet appui. De son côté, David Cameron, Premier ministre britannique, a salué la décision de Barack Obama mais son porte-parole a souligné que la Grande-Bretagne n'envisageait pas d'intervenir militairement en Irak. Le Royaume-Uni a toutefois appelé ses ressortissants à quitter le Kurdistan irakien et devrait parachuter de l'aide alimentaire dans le nord du pays. Dans le nord de l'Irak, les dizaines de milliers de chrétiens et de Yazidis, communauté kurdophone pré-islamique, qui ont fui devant l'avancée des djihadistes, se retrouvent piégés dans les montagnes environnantes, sans eau ni nourriture. Pour aider ces populations, l'armée américaine a largué des vivres, jeudi 7 août dans la soirée, près de Sinjar, une ville du nord de l'Irak prise dimanche 3 août, par l'EI. D'autres parachutages humanitaires sont prévus, avec le soutien logistique britannique.
Que disent les Nations unies ? A la suite des bombardements américains, les Nations unies «préparent de toute urgence un corridor humanitaire», a déclaré Nickolay Mladenov, le représentant spécial de l'ONU à Baghdad. Ce couloir doit permettre d'évacuer les civils dans les régions concernées. Réuni d'urgence jeudi 7 août dans la soirée, le Conseil de sécurité des Nations unies s'était dit «scandalisé» par l'avancée des djihadistes et a réitéré son soutien au gouvernement irakien dans sa lutte contre l'EI. Suite à cette réunion de consultations à huis clos, le Conseil de sécurité a invité «la communauté internationale à soutenir le gouvernement et le peuple d'Irak et à faire tout ce qui est possible pour aider à soulager les souffrances de la population». Mardi 6 août, le Conseil de sécurité s'était déjà réuni pour condamner les persécutions de l'EI contre les minorités, qui «peuvent constituer un crime contre l'humanité». Si cette qualification est confirmée, le Conseil de sécurité pourrait éventuellement adopter une résolution sur le principe de la «responsabilité de protéger». D'après ce principe, si un Etat échoue à protéger sa population contre un génocide, un nettoyage ethnique, des crimes contre l'humanité ou de guerre, cette responsabilité incombe alors à la communauté internationale. Lors de la crise libyenne, ou plus récemment en République Centrafricaine, le Conseil de sécurité a utilisé «la responsabilité de protéger» dans ces résolutions pour autoriser l'usage de la force.