Le chef de l'armée irakienne, Babaker Zebari, a estimé que cet appui aérien allait permettre «d'énormes changements sur le terrain dans les prochaines heures». Les Etats-Unis se sont directement impliqués dans le conflit en Irak pour la première fois depuis le retrait de leurs troupes en 2011 en bombardant hier des positions des jihadistes menaçant le Kurdistan irakien et des milliers de chrétiens et Yazidis en fuite. Deux chasseurs bombardiers américains ont largué des bombes de 250 kg sur une pièce d'artillerie mobile de l'Etat islamique (EI) qui avait visé des forces kurdes à Erbil, a annoncé le porte-parole du Pentagone, l'amiral John Kirby, expliquant que cela menaçait les personnels américains basés dans la capitale du Kurdistan. Le chef de l'armée irakienne, Babaker Zebari, a estimé que cet appui aérien allait permettre «d'énormes changements sur le terrain dans les prochaines heures». Les combattants de l'EI avaient encore marqué des points jeudi avec la prise de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, suivie de celle du barrage de Mossoul, le plus grand du pays, qui contrôle l'alimentation en eau et en électricité de toute la région. Depuis dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont pris la fuite dans le nord du pays face à l'avancée des djihadistes qui ne sont désormais qu'à une quarantaine de kilomètres d'Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, allié de Washington. Dimanche, les combattants de l'EI avaient déjà pris le contrôle de Sinjar, bastion de la minorité yazidie, une communauté kurdophone, poussant à la fuite jusqu'à 200.000 civils selon l'ONU. Certains ont pu fuir au Kurdistan ou en Turquie, mais des milliers d'autres sont piégés dans les montagnes désertiques environnantes, où ils risquent autant de mourir de faim et de soif que de se faire massacrer par les jihadistes, réputés pour leur cruauté. Jeudi soir, le président américain Barack Obama avait autorisé des frappes militaires ciblées «si nécessaire pour aider les forces irakiennes qui se battent pour (...) protéger les civils pris au piège». Pour sa première mission, l'armée de l'air américaine a parachuté des vivres et de l'eau aux civils piégés dans les montagnes. M.Obama a accusé l'EI de viser «la destruction systématique de la totalité (...) du peuple (yazidi), ce qui constituerait un génocide». Il a, en outre, prévenu les djihadistes qu'ils seraient visés par d'éventuelles frappes aériennes s'ils tentaient de marcher sur Erbil, expliquant que les Etats-Unis devaient défendre leur consulat dans cette ville. M.Obama, instigateur du retrait américain d'Irak, a cependant assuré qu'il n'allait pas «entraîner (le pays) dans une autre guerre». A Baghdad, l'intervention américaine a cependant suscité le scepticisme, dans la mesure où le Premier ministre Nouri al-Maliki réclamait ces frappes depuis le début en juin de l'offensive de l'EI, qui était déjà bien implanté en Syrie et contrôle désormais de vastes pan du territoire irakien. Obama «n'a rien fait pendant trois ans, mais quelque chose arrive aux Kurdes et aux chrétiens et il commence à parler de terrorisme», a dénoncé un fonctionnaire à la retraite.