Après une valse-hésitation, les Etats-Unis ont décidé de s'impliquer militairement dans la crise en Irak, pour protéger leurs personnels basés à Erbil, et éviter un éventuel "génocide" perpétré par les djihadistes de l'Etat islamique. Les Etats-Unis ont, en effet, bombardé des positions d'artillerie de l'Etat islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a annoncé hier le Pentagone. "L'artillerie a été utilisée contre des forces kurdes qui défendent Erbil, près de personnels américains", a déclaré l'amiral John Kirby, porte-parole du Pentagone. Ces premières frappes américaines interviennent suite à l'autorisation qui avait été donnée par le président Barack Obama, pour des frappes aériennes ciblées dans le nord de l'Irak visant à protéger le personnel américain et éviter un éventuel "génocide" perpétré par les djihadistes de l'Etat islamique. Elles se sont accompagnées d'ailleurs de parachutages humanitaires, notamment de vivres et denrées alimentaires, au profit de dizaines de milliers de chrétiens et de yazidis qui ont été poussés à fuir face à l'avancée des extrémistes sunnites, dans le nord de l'Irak. Les yazidis, une communauté kurdophone pré-islamique considérée par les djihadistes comme "adoratrice du diable", se sont retrouvés piégés, sans eau ni nourriture, dans les montagnes désertiques environnantes. "Nous pouvons agir de façon responsable et prudente, pour éviter un éventuel acte de génocide", a dit M. Obama lors d'une allocution solennelle depuis la Maison-Blanche. Si les djihadistes avancent vers Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, ils seront visés par les frappes, avait prévenu Obama. Aussi, pour venir en aide aux minorités menacées, ce même responsable américain a assuré que les Etats-Unis procéderaient à de nouveaux largages de vivres, après que le Pentagone a annoncé de premiers parachutages de nourriture et d'eau dans la soirée. "Nous sommes confrontés à une situation où des innocents pourraient être victimes de violences terribles. Les Etats-Unis ne peuvent détourner le regard", a lancé M. Obama. Mais deux ans et demi après le départ du dernier soldat américain d'Irak, le président américain a réaffirmé qu'il n'enverrait aucune troupe au sol dans le pays, "parce qu'il n'y a pas de solution militaire américaine à la crise" que connaît le pays depuis le début de l'offensive de l'EI début juin. Le sort de ces minorités irakiennes suscite d'ailleurs une vaste mobilisation internationale, notamment du Conseil de sécurité de l'ONU qui s'est dit "scandalisé" par l'avancée des djihadistes, lors d'une réunion convoquée en urgence jeudi soir à New York. Les 15 pays membres ont apporté leur soutien à Bagdad dans sa lutte contre l'Etat islamique et invité "la communauté internationale à soutenir le gouvernement et le peuple d'Irak et à faire tout ce qui est possible pour aider à soulager les souffrances de la population". A Rome, le pape François a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour "protéger" les populations en fuite dans le nord de l'Irak. La France a déclaré être prête à "apporter un soutien aux forces engagées dans le combat" contre les combattants de l'EI en Irak, sans en préciser la nature. Ce sont en fait plus de 100 000 chrétiens et de yazidis qui ont été poussés à fuir face à l'avancée des extrémistes sunnites après la prise de Qaraqosh et d'autres villes de la région de Mossoul (nord). L'EI a fait des avancées remarquables dans le nord de l'Irak, qui lui ont permis la conquête de la région de Sinjar, bastion de la minorité yazidie, mais il a toutefois rencontré une résistance farouche de la part des peshmergas, qui ont assuré, jeudi, avoir repoussé une attaque contre le barrage de Mossoul, qui permet de contrôler l'accès à l'eau et à l'électricité dans toute la région. A. R./ Agences Nom Adresse email