Les compagnies aériennes Etihad Airways et Alitalia ont signé vendredi après de longs mois de négociations un accord d'alliance prévoyant l'entrée d'Etihad au capital d'Alitalia, permettant à l'une d'échapper à une très probable faillite et à l'autre d'asseoir sa position en Europe. L'accord, qui a été précédé de longues et tumultueuses tractations et sur lequel le doute a plané jusqu'au dernier moment, a été signé à Rome par les patrons des deux groupes, James Hogan pour Etihad et Gabriele Del Torchio pour Alitalia. "Nous avons réussi, au bout d'un an de travail, tant de fatigue et tant de nuits", a déclaré M. del Torchio au moment de la signature. "C'est un moment très important. Mon objectif était de mettre Alitalia en sécurité", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse, expliquant que ses premiers contacts avec Abou Dhabi remontaient à il y a tout juste un an. M. Hogan de son côté a confirmé que Etihad "croyait en Alitalia, une grande marque avec un énorme potentiel". "Avec une bonne capitalisation et un bon plan stratégique, nous sommes confiants que la compagnie peut être remise sur pied et repositionnée une nouvelle fois comme compagnie globale de premier choix". Dans le détail, l'accord prévoit un investissement total de 1,758 milliard d'euros en plusieurs tranches, ont précisé les deux groupes dans un communiqué. Etihad elle-même va investir 560 millions d'euros pour devenir le principal actionnaire d'Alitalia avec 49% de son capital, tandis que d'autres actionnaires verseront 300 millions d'euros. L'accord comprend également pour 598 millions d'euros de restructurations de dette ainsi que 300 millions de nouveaux prêts de la part de banques italiennes. "La compagnie recapitalisée sera désormais à même d'investir dans un large plan stratégique qui prévoit de nouveaux trajets long-courriers depuis Rome et Milan, une marque revivifiée et un accent plus marqué sur la promotion du tourisme et du commerce italiens", selon le communiqué. "Alitalia est un parfait ambassadeur pour l'Italie et ce qu'elle représente", s'est réjoui M. Hogan.
"L'Italie attire le capital" "Alitalia: l'accord avec Etihad est signé. Les faits parlent d'eux-mêmes. L'Italie sait attirer le grand capital, poursuivons le travail", s'est félicité de son côté le ministre italien des Transports Maurizio Lupi sur Twitter. Le ministre avait auparavant prévenu, à plusieurs reprises, les parties impliquées qu'Alitalia, lourdement déficitaire et très endettée, n'avait plus guère le choix qu'entre "deux options: le plan de relance d'Etihad ou l'abîme". Une faillite d'Alitalia aurait été désastreuse pour l'Italie, à la fois en termes d'emploi (la compagnie compte 12 800 employés) et d'image. Le pays a déjà subi un revers cette semaine avec l'annonce qu'il était retombé en récession pour la troisième fois en moins de dix ans. L'actionnariat actuel du groupe (avant l'augmentation de capital) se compose d'une vingtaine de sociétés dont les banques Intesa Sanpaolo (20,59%) et UniCredit (12,99%), l'entreprise publique Poste Italiane (19,48%). Le groupe franco-néerlandais Air France-KLM (7% du capital), un temps pressenti pour sauver Alitalia, avait décliné l'offre l'année dernière avant l'entrée en piste d'Etihad. Les négociations entre les promis, lancées officiellement en décembre 2013, ont longtemps buté sur la lourde dette d'Alitalia (environ un milliard d'euros), dont Etihad a exigé la restructuration, et sur les sacrifices en termes d'emplois (ses effectifs devraient tomber à environ 11 000 personnes). Le plan envisagé prévoit que les comptes d'Alitalia repassent dans le vert "de manière durable" à partir de 2017. Etihad, basée à Abou Dhabi et en pleine expansion, détient déjà des participations minoritaires dans Air Berlin (29%), Air Seychelles (40%), Virgin Australia (19,9%) et dans Aer Lingus (3%). Sa transaction avec Alitalia doit encore recevoir le feu vert des autorités de concurrence et sera sans doute également examinée à Bruxelles, alors que plusieurs concurrents d'Alitalia se sont déjà plaints d'atteinte à la concurrence. Le ministre Lupi s'est dit à cet égard "tranquille".