Le conseil d'administration d'Alitalia a donné hier sa préférence au projet de rachat d'Air France-KLM au détriment d'Air One, mais le gouvernement italien, divisé entre les deux candidats, se laisse jusqu'au 15 janvier pour entériner ou non la décision. Le conseil “a jugé à l'unanimité que la proposition non contraignante d'Air France-KLM (..) était la solution appropriée pour la sauvegarde du patrimoine de la société et pour favoriser son redressement rapide et durable”, a indiqué Alitalia dans un communiqué. Il demande au ministère de l'Economie, détenteur des 49,9% de l'Etat dans la compagnie, de donner son avis dans les délais prévus, soit d'ici le 15 janvier, “en raison de l'état critique des finances de la compagnie”. Le président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, s'est déclaré “heureux” de voir le plan de son groupe retenu. “Notre ambition est qu'Alitalia partage les bénéfices de la stratégie de croissance rentable poursuivie avec succès par Air France-KLM”, a déclaré M. Spinetta dans un communiqué. Le gouvernement italien a promis mercredi de dire d'ici la mi-janvier s'il suivrait ou non l'avis du conseil d'administration d'Alitalia, souhaitant vérifier si elle est conforme à “l'intérêt général”. Il serait divisé entre son chef Romano Prodi, son ministre de l'Economie Tommaso Padoa-Schioppa, favorables à Air France-KLM, et le vice-Premier ministre notamment chargé du Tourisme Francesco Rutelli et le ministre des Transports, Alessandro Bianchi, favorables à la solution italienne représentée par Air One. Le nouveau délai de réflexion que s'est accordé le gouvernement s'expliquerait aussi par la volonté du gouvernement d'éviter tout mouvement social dans le transport aérien pendant les fêtes de fin d'année. Si le gouvernement suit l'avis d'Alitalia, le président de la compagnie italienne Maurizio Prato devra engager des négociations exclusives avec Air France-KLM en vue de conclure la vente. Justifiant son choix, Alitalia a souligné que la proposition d'Air France-KLM “est la plus adéquate sur le plan économique et prévoit un plan significatif d'investissements de 6,5 milliards d'euros à long terme”. Elle a aussi donné des arguments sur le maintien de la marque Alitalia et sur la couverture du marché italien, deux motifs d'inquiétude pour les opposants au projet de la compagnie franco-néerlandaise. Air France-KLM est “prête à prendre des engagements avec l'Etat italien sur la conservation et la valorisation de la marque et du logo Alitalia (..) et sur le maintien d'une couverture adéquate du marché italien”, indique-t-elle. Rome deviendra le seul hub mais Milan conservera des lignes internationales et verra son rôle de plate-forme d'affaires renforcé vers l'Europe, précise le communiqué. Alitalia ajoute sans plus de précisions que l'impact sur l'emploi de l'offre Air France-KLM sera “du même ordre” que le plan de survie non chiffré du président d'Alitalia, Maurizio Prato. Le président d'Air France-KLM avait évoqué 1 500 suppressions de postes au maximum, sans préciser ce qu'il compte faire de la filiale de maintenance Alitalia Servizi qui emploie 8 300 personnes. Air France-KLM propose, par ailleurs, un échange d'actions permettant à la compagnie italienne d'entrer au capital de la holding chapeautant Air France et KLM et une recapitalisation de 750 millions d'euros. Le gouvernement a mis en vente Alitalia il y a un an, et la compagnie italienne perd plus d'un million d'euros par jour.