Les cours du pétrole ont fini en baisse avant-hier des deux côtés de l'Atlantique, le Brent chutant à des plus bas depuis deux ans, plombés par l'abondance de l'offre et la perspective d'une demande en brut peu vigoureuse. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en octobre a cédé 56 cents, à 92,27 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 97,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 97 cents par rapport à la clôture de la veille, à son niveau le plus bas depuis le 28 juin 2012. En dépit des risques géopolitiques persistants dans le monde, en particulier autour de la mer Noire et au Moyen-Orient, le nouveau recul des prix de l'or noir n'a rien d'étonnant, selon les analystes. Il s'agit tout simplement d'une question d'offre et de demande, a commenté Oliver Sloup, courtier chez iiTrader. D'une part, les Etats-Unis sont littéralement en train de se noyer sous l'afflux de pétrole et la demande ne suit pas, a-t-il poursuivi. Le premier consommateur de brut de la planète a pompé 8,6 millions de barils par jour (mbj) en août, un maximum depuis juillet 1 986, et prévoit d'atteindre 9,5 mbj l'année prochaine - ce qui constituerait un record depuis 1970. Cette très forte production réduit ainsi notablement le besoin d'importation (passé de 60% en 2005 à 32% en 2013), et provoque la redirection vers le marché européen du pétrole d'Afrique de l'Ouest, pesant par ricochet sur les prix du Brent, coté à Londres. Et à l'échelle mondiale, la reprise des exportations libyennes et le maintien de la production irakienne, ainsi que l'acheminement de son brut, malgré le chaos régnant dans ces deux pays, écartaient pour l'instant les craintes d'une perturbation majeure de l'offre énergétique dans la région. Or, du côté de la consommation énergétique, les grandes organisations spécialisées dans l'énergie -- l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) -- ont toutes revu en baisse récemment leurs projections de croissance de la demande mondiale d'or noir. Ces révisions sont la conséquence notamment de la faiblesse persistante des économies européenne et chinoise, a expliqué l'AIE. Malgré la dégringolade des prix du brut, qui ont perdu quelque 15% depuis la mi-juin, il parait improbable que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) commence à s'inquiéter du niveau des prix tant qu'ils sont au-dessus des 80-85 dollars le baril, a estimé Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. C'est la zone à ne pas franchir pour ne pas nuire au développement économique des membres du cartel, expliquait-il. D'ailleurs, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a minimisé jeudi la chute des prix du brut tandis que son homologue du Koweït a estimé qu'il n'était pas nécessaire de convoquer une réunion extraordinaire de l'OPEP pour discuter de la baisse des cours. Le pétrole baissait vendredi en Asie sur fond d'inquiétudes pour la demande mondiale en brut qui tirent les cours de l'or noir à des niveaux plus vus depuis des mois. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre perdait un cent, à 92,82 dollars, son plus bas niveau depuis le 14 janvier, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance cédait 29 cents, à 97,79 dollars, un plus bas depuis le 17 avril 2013.