L'Algérie se repositionne sur le marché européenne, notamment sur le marché français. La décision prise à Paris de permettre à la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, de commercialiser directement le gaz algérien en France est importante à plus d'un titre. D'abord elle permet à Sonatrach de conquérir le marché européen via la France d'autant que le souhait de la compagnie nationale a été toujours affiché pour être un acteur dans la commercialisation du gaz au même titre que les autres compagnies européennes. Le ministre de l'Energie a d'ailleurs trouvé les mots justes en parlant de principe de réciprocité. Il est, en effet, constaté que le marché algérien de l'énergie a vu une coopération intense ces dernières années, notamment dans le domaine de la prospection où des sociétés étrangères ont investi. Dès lors, il est plus que légitime de confier à Sonatrach le volet commercialisation du gaz sur le sol européen. La France pourrait être le catalyseur de cette démarche qui fera, à coup sûr, de Sonatrach, un concurrent sérieux. La visite du ministre de l'Energie a été de ce fait mise à profit pour annoncer le début de l'opération en 2011. Un premier accord qui verra Sonatrach vendre un milliard de mètres cubes de gaz en France. Le marché mondial du gaz n'étant plus ce qu'il était avec la naissance de nouveaux consortiums et Chakib Khelil cite, à ce propos, le cas de Medgaz auquel participe, entre autres partenaires, le gazier français GDF. Et c'est tout naturel que Sonatrach dont la notoriété au niveau international est bien établie, puisqu'elle est considérée parmi les sociétés les plus importantes, ne doit plus aujourd'hui se limiter au rôle de "fournisseur". Le ministre de l'Energie l'a clairement souligné en précisant que la compagnie nationale des hydrocarbures entend vendre directement son gaz sur le marché européen et cela en prenant en compte le principe de réciprocité. "On permet aux sociétés européennes de participer dans l'exploration, la production, le transport, mais nous nous attendons à ce que les pays européens autorisent nos sociétés à participer dans la distribution, et la commercialisation", a-t-il dit, citant plusieurs cas concrétisés, notamment en Espagne et en Italie. En fait l'Algérie n'entend qu'appliquer ce qui est convenu entre Européens comme la décision entérinée par les Vingt-Cinq rendant le marché européen libre depuis le premier juillet dernier. Le ministre de l'Energie, qui était à Paris pour préparer la prochaine visite du président français, Nicolas Sarkozy en Algérie, en décembre prochain, est revenu également sur la coopération entre les deux pays dans le domaine du nucléaire. Sur ce point, il a évoqué de futures coopérations algéro-françaises, notamment pour la création d'une Agence de sûreté et de sécurité nucléaire, mais aussi dans le domaine de la formation et de la recherche avec le projet d'un Institut algérien de génie nucléaire. En tout état de cause la position de l'Algérie dans le domaine énergétique se renforce et les arguments avancés ont permis de faire de notre pays un partenaire stratégique. L'épisode de Gassi Touil avec la résiliation du contrat avec le groupement espagnol Repsol-Gas Natural a donné à réfléchir aux Européens. La décision est estimée légitime au regard du retard accumulé dans la réalisation du projet d'un montant de 3 milliards de dollars. Sonatrach reprend ainsi seule ce projet. Cette semaine les Eurodéputés ont eu à revenir sur cette affaire. Et la réponse de la commissaire européenne chargée des Relations extérieures vont dans le même sens des déclarations des responsables algériens. "Le litige semble être de nature commerciale", a déclaré Benito Ferrero Waldner.