Au Mondial de l'Auto, Citroën expose le concept C4 Cactus Airflow 2L, censé consommer 2 l aux 100 km. Et Peugeot, une 208 sur la même base. Mais la production en série n'est pas pour tout de suite. Basses consommations et faibles émissions de CO2 en corollaire. C'est la priorité pour PSA au Mondial de l'auto, qui ouvrira ses portes aux professionnels jeudi 2 octobre et au public le samedi 4. Citroën va ainsi exposer le concept C4 Cactus Airflow 2L, censé afficher une consommation théorique de 2 litres aux cents... selon des normes d'homologation fort éloignées de la conduite quotidienne. Le véhicule recourt à la technologie "Hybrid Air", qui comprend un petit moteur trois cylindres à essence de 82 chevaux, un stockeur d'énergie sous forme d'air comprimé, un ensemble moteur-pompe hydraulique, une transmission automatique via une boîte de vitesses à train épicycloïdal. L'aluminium ou le carbone l'allègent de 100 kilos par rapport au petit break surélevé de série, le C4 Cactus commercialisé à la fin du printemps. Peugeot proposera sur son stand un "démonstrateur" Peugeot 208 2L Hybrid Air, avec la même technologie que Citroën. 2 litres aux cents représentent environ 50 grammes de CO2 au kilomètre pour une citadine, ce qui est effectivement très faible, la moitié de ce que proposent aujourd'hui en moyenne les petites voitures. Constructeurs et équipementiers, réunis au sein de la "Plateforme de la filière automobile" (PFA), ont présenté à la mi-septembre l'état d'avancement du programme de recherche et développement pour des véhicules consommant 2 litres aux 100 km, dont l'impulsion avait été donnée par le gouvernement il y a deux ans.
Des prix encore trop élevés Malheureusement, toutes ces technologies ne sont pas pour tout de suite, surtout à des prix abordables. L'allègement en recourant à des matériaux moins lourds coûte cher. L'hybridation est aussi onéreuse. Et il faut que ces voitures demeurent fonctionnelles et pas totalement désagréables à conduire... Lors des quelques kilomètres début juillet effectués avec un prototype de Peugeot 2008 "Hybrid Air", nous avions roulé 60% du temps en mode "zéro émission". Très bien. Mais le fonctionnement s'était montré rugueux, avec des trous à l'accélération. Il manquait nettement de fluidité. Mais il s'agit d'un prototype. Il n'est d'ailleurs pas certain que cette technologie "Hybrid Air", à laquelle croit PSA, puisse voir réellement le jour. Développée avec l'équipementier allemand Bosch, combinant moteur à essence et air comprimé, cette technologie qui se veut révolutionnaire permet en théorie d'abaisser les consommations en ville de 45% selon le constructeur, ainsi que les émissions de CO2. Mais PSA cherche à s'associer à un autre constructeur. Et, sans coopération, il ne s'y risquera pas. Car le ticket d'entrée est élevé. Chez PSA, on évoque officieusement une somme de "500 millions d'euros. (…)Il n'y a pas d'engagement industriel aujourd'hui. Si on ne trouve pas de partenaires, on n'y va pas. A ce jour, les négociations avec d'éventuels partenaires n'ont pas abouti", précisait récemment Karim Mokaddem, Directeur du projet. "Il y a un rapport risque-opportunité très important. Pour lancer une industrialisation, il faut pouvoir compter sur plusieurs centaines de milliers d'unités par an", renchérissait Gilles Le Borgne, lors d'un entretien au début de l'été.
Des petits modèles moins polluants Contraints à leur corps défendant de se spécialiser dans les véhicules petits et compacts, suivant en cela la descente en gamme du marché hexagonal, les constructeurs français sont plutôt avancés dans les véhicules à mini-moteurs sobres et donc peu prodigues en rejets de CO2. Les bons scores en émissions de CO2 des constructeurs tricolores s'expliquent aussi par le poids des moteurs diesel dans leurs ventes. Les moteurs à gazole réduisent en effet les rejets de CO2 de 20% environ par rapport à des mécaniques à essence. Les Peugeot et Citroën vendues neuves en Europe émettaient "en moyenne 116 grammes en 2013 et on devrait être à 110-112 grammes cette année", se félicite Gilles le Borgne. La flotte de véhicules neufs - toutes marques confondues - mis sur le marché l'an dernier dans l'Union européenne affiche un niveau moyen d'émissions de CO2 de 127 grammes par kilomètre, indiquait fin avril l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). PSA est donc très nettement en-dessous. A l'horizon 2020, "nous visons 93,7 grammes en moyenne", indique Gilles le Borgne, ce qui placerait toujours PSA en-dessous des normes d'émissions moyennes visées par la Commission européenne pour 2021 (95 grammes).