L'Etat islamique envoie de nombreux renforts à Kobané, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'organisation djihadiste tente de conquérir cette ville syrienne depuis près d'un mois face à une résistance farouche des forces kurdes. "Ils envoient des combattants des provinces de Raqa et d'Alep", les principaux bastions de l'Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Il s'agit bien d'une bataille cruciale pour eux: s'ils prennent Kobané, la lutte contre l'EI en Syrie va durer très longtemps. Mais s'ils n'y arrivent pas, cela va porter un coup dur à leur image auprès des djihadistes", estime-t-il. "Ils ont mis tout leur poids dans cette bataille". Depuis la prise vendredi du quartier général des forces kurdes par les djihadistes, "il n'y a plus eu de véritable progression de l'EI", a souligné M. Abdel Rahmane.
Derniers assauts repoussés L'EI contrôle 40% de Kobané, particulièrement le secteur Est et des quartiers dans le sud et l'ouest de la ville. "Ils attaquent sur plusieurs fronts, mais ils sont repoussés puis ils attaquent à nouveau avant d'être repoussés encore", selon M. Abdel Rahmane. Les Kurdes, moins nombreux et moins équipés, défendent leur ville avec acharnement. Samedi, au moins 36 djihadistes ont péri dans des attaques kurdes, dont une contre des véhicules de l'EI qui tentaient d'entrer dans la ville. Les combattants djihadistes ont aussi essayé, pour la première fois, de parvenir à la frontière avec la Turquie au nord de Kobané, avant d'être repoussés par les Kurdes. De son côté, la coalition dirigée par Washington poursuit ses frappes sur les positions des djihadistes. Elle a mené neuf raids dans la soirée de samedi.
Aide aux réfugiés La Commission européenne a annoncé l'octroi de 3,9 millions d'Euros aux organisations humanitaires qui viennent en aide aux réfugiés ayant fui Kobané pour la Turquie. Ces fonds serviront notamment à fournir de l'eau, des abris et des médicaments, ainsi que des installations sanitaires et de la nourriture aux réfugiés.
Les USA larguent de l'aide en Irak Les Etats-Unis ont annoncé avoir réalisé vendredi et samedi plusieurs largages pour réapprovisionner les forces de sécurité irakiennes, tandis que la coalition internationale poursuivait ses frappes aériennes contre le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. A la demande du gouvernement irakien, l'armée américaine a effectué de multiples largages à proximité de Baïji, ville située à 200 km au nord de Bagdad, a indiqué dans un communiqué le Centre de commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom). Au total, les appareils américains ont livré 36 colis contenant 7 328 repas halal, 7 800 litres d'eau et plus de 7 200 kg de munitions. Il s'agit des premiers largages bénéficiant aux forces gouvernementales irakiennes. Les précédents faisaient partie de missions humanitaires pour les civils tels que les Yazidis. Ces largages ont tous vocation à aider les forces de sécurité irakiennes, qui continuent de contrôler Baïji. Les zones autour de Baïji, en revanche, sont disputées par ISIL (l'un des acronymes utilisés par les USA pour désigner l'EI, ndlr) qui poursuit ses opérations dans la région, a ajouté le Centcom. Par ailleurs, vendredi et samedi, les Etats-Unis ont mené six frappes aériennes en Syrie, près de la ville de Kobané, frontalière avec la Turquie, où des combats acharnés opposent forces kurdes et djihadistes. Quatre frappes ont été effectuées dans le nord de Kobané, endommageant un poste de commandement de l'EI, détruisant également un bâtiment tenu par le groupe et deux petites unités de djihadistes. Deux autres frappes, au sud de la ville, ont permis de détruire trois camions. Les frappes ont commencé en Syrie le 23 septembre, et le 8 août en Irak. L'aide aux Kurdes de Kobané suspendue au bon vouloir d'Ankara . Les raids aériens de la coalition autour de Kobané n'ont pas suffi à contrer l'assaut des djihadistes, qui contrôlent désormais 40% de la ville syrienne. Privés de renforts, les combattants kurdes ne peuvent compter sur l'aide cruciale d'Ankara. La situation provoque la colère des Kurdes et du PKK qui menacent de reprendre les armes. Des milliers de combattants sont disposés à aider les défenseurs de Kobané, assiégés depuis trois semaines, si la Turquie autorise l'ouverture d'un corridor, selon un responsable militaire de Qamichli, autre secteur de Syrie aux mains de milices kurdes. Une décision turque en ce sens serait décisive, car les assaillants jihadistes se trouvent à l'est, à l'ouest et au sud de la ville, ce qui ne laisse que la voie turque au nord pour d'éventuelles livraisons d'armes. Environ 700 habitants, surtout des personnes âgées, sont coincés à Kobané, et 12 000 se trouvent à l'extérieur, dans une zone proche de la frontière turque, d'après les Nations Unies.
Le PKK menace Samedi, Cemil Bayik, membre fondateur du PKK qui en est aussi le plus haut dirigeant en liberté, a averti dans un entretien réalisé par la chaîne de télévision allemande ARD que si la Turquie ne fait rien pour aider les Kurdes de Kobané, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) reprendra les armes. La passivité d'Ankara donne lieu à des manifestations d'une rare violence. En Turquie, où vivent 15 millions de Kurdes, la mobilisation a mené à la mort de 33 personnes. En Allemagne, pays dont la communauté kurde est considérée comme la plus importante en Europe, plus de 20 000 personnes sont descendues samedi dans les rues de Düsseldorf. En France, plusieurs milliers de Parisiens (6 000 selon les organisateurs) se sont mobilisés, tandis que 200 à 300 personnes manifestaient à Lyon. A Bâle, environ 5 000 personnes ont manifesté pour la défense des Kurdes. Depuis le début de l'offensive de l'Etat islamique dans la région de Kobané, le 16 septembre, 577 personnes ont trouvé la mort selon l'OSDH. Il s'agit pour la plupart de combattants, notamment 321 djihadistes.