Les cours du pétrole étaient à nouveau en baisse en Asie hier dans les échanges matinaux après avoir connu quelques jours de répit, les marchés gardant l'œil sur la prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre perdait 31 cents, à 82,50 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance cédait quatre cents, à 86,18 dollars. Les cours du pétrole restent à des niveaux très bas (le WTI à un plus bas depuis mi-2012, le Brent à un plus bas de quatre ans) dans un contexte d'offre abondante couplée à la morosité de l'économie mondiale. Le pétrole avait connu un léger répit ces derniers jours sous l'effet en particulier d'achats à bon compte, alors que la Bourse de Wall Street retrouvait le sourire. Les investisseurs sont dans l'incertitude avant la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) les 28 et 29 octobre, censée mettre fin aux achats d'actifs, estiment les analystes. "Il est difficile pour les investisseurs de s'engager avant la réunion de la Fed", à quoi s'ajoutent les spéculations sur de possibles nouvelles mesures de la Banque centrale européenne (BCE), a dit Tetsu Emori, gestionnaire du fond d'investissement Astmax Asset Management à Tokyo. La veille, les cours du pétrole coté à New York ont clôturé en légère hausse, soutenus par des chiffres encourageants en provenance de Chine qui reléguaient au second plan l'anticipation d'une hausse des stocks de brut aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre, dont c'est le dernier jour de cotation, a gagné 10 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 82,81 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a terminé à 86,22 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 82 cents par rapport à la clôture de lundi. Les cours du brut ont profité, comme d'autres matières premières, "de l'espoir de voir la demande progresser si l'économie mondiale s'améliore", a commenté Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion. Les chiffres sur la croissance chinoise en particulier, qui a atteint 7,3% au troisième trimestre, ont rassuré les investisseurs. Cela constitue la plus faible hausse du PIB depuis le premier trimestre 2009, mais c'est mieux que la prévision médiane d'un groupe de 17 analystes interrogés (+7,2%). "La production industrielle est parallèlement ressortie légèrement au-dessus des attentes et les ventes de détail un peu en-dessous mais quand même à un niveau élevé (+11,6% en septembre sur un an)", a souligné Matt Smith de Schneider Electric. "La demande implicite de pétrole en Chine a aussi montré de la vigueur en septembre, en progressant de 9,1% sur un an", a ajouté le spécialiste. La bonne tenue des indices de Wall Street mardi a aussi participé à l'embellie du marché pétrolier, selon Carl Larry. La hausse des cours du brut est toutefois restée limitée par "un peu de nervosité avant la parution" mercredi du rapport des autorités américaines sur le niveau des stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis, a relevé le spécialiste. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswire, les réserves de brut devraient avoir augmenté de 3,1 millions de barils la semaine dernière dans le pays. Une augmentation de ces stocks est généralement considérée comme un ralentissement de la demande. Les investisseurs ont par ailleurs continué à spéculer sur les intentions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui pompe environ un tiers du brut mondial, au moment où son abondance sur le marché mondial pénalise fortement les cours. "Pour que les prix parviennent à se reprendre durablement, l'Opep devra adapter son offre, mais il n'y a toujours aucun signe d'une telle action", remarquaient ainsi les analystes de Commerzbank. Les membres du cartel, qui tiennent leur prochaine réunion ordinaire le 27 novembre à Vienne, n'ont pour l'instant pas affiché de volonté unanime de réduire leur offre. L'Arabie Saoudite, chef de file de l'Opep, s'est ainsi montrée plus préoccupée par la sauvegarde de ses parts de marché que par le niveau des prix sur le marché. Mais pour Oliver Sloup, courtier à iiTrader.com, "après la chute des prix du pétrole observée depuis mi-juin, certains investisseurs, certains spéculateurs, se disent que l'Opep ne peut pas faire autrement que de réduire sa production et ils commencent à miser sur une remontée des cours".