Wall Street a fini sans direction avant-hier, restant proche des niveaux record atteints vendredi malgré la chute d'un secteur énergétique déstabilisé par le plongeon des prix du pétrole: le Dow Jones a cédé 0,14% mais le Nasdaq a gagné 0,18%. Selon les résultats à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a reculé de 24,28 points, à 17 366,24 points, tandis que le Nasdaq a avancé de 8,17 points, à 4 638,91 points. L'indice élargi S&P 500 a lâché 0,01%, ou 0,24 point, à 2 017,81 points. "Il n'est pas inhabituel d'observer une petite pause des indices après des sommets", a relevé Michael James, de Wedbush Securities. Les indices vedettes Dow Jones et S&P 500 avaient fini à des niveaux inédits vendredi. Et "au vu de la contre-performance du secteur énergétique après la chute de près de 2 dollars du WTI, le marché s'est même très bien maintenu", a jugé M. James. En déroute depuis la mi-juin comme le Brent de Londres, les prix du pétrole coté à New York (WTI) ont terminé à leur plus bas depuis fin juin 2012 lundi, plombés notamment par la hausse du dollar, des craintes sur l'abondance de l'offre et des informations sur une baisse des prix à l'exportation de l'Arabie saoudite vers les pays occidentaux. Les majors pétrolières américaines, comme ExxonMobil (-1,50% à 95,26 dollars) et Chevron (-2,64% à 116,78 dollars), ont été touchées de plein fouet "tout comme une grosse partie du secteur des matières premières, affecté par la hausse du dollar" qui rendait leurs produits plus chers à l'exportation, a relevé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management. Or "le secteur énergétique pèse lourd, représentant entre 10% et 12% du S&P 500", a précisé Michael James. D'autre part, les opérateurs ont digéré une série d'indicateurs en demi-teinte de par le monde. Aux Etats-Unis, si l'activité dans le secteur manufacturier a augmenté plus que prévu en octobre, dans l'immobilier, les dépenses de construction ont reculé en septembre pour le deuxième mois consécutif, surprenant les analystes qui tablaient sur un rebond. Outre-Atlantique, le secteur manufacturier de la zone euro a continué à stagner en octobre, et en Chine, l'indice PMI d'activité publié par HSBC a montré que la croissance de la production manufacturière a peu progressé. Les investisseurs abordaient aussi les élections législatives de mi-mandat hier aux Etats-Unis avec prudence. "On anticipe plutôt une victoire des républicains au Sénat, ce qui serait bien accueilli par Wall Street qui espère l'adoption d'un ton plus favorable au monde des affaires" à Washington, a souligné Mace Blicksilver. "Mais rien n'est encore sûr et les investisseurs restent sur leurs gardes", selon lui. Les investisseurs espéraient notamment qu'un retour des républicains aux affaires se traduise par "d'éventuelles réformes sur les impôts des sociétés, l'autorisation de l'oléoduc Keystone XL, ou encore la révision de la loi Dodd-Frank" sur la réforme de Wall Street, a détaillé le gérant de portefeuilles. Le constructeur automobile américain Chrysler (groupe Fiat Chrysler) qui a fait mieux que prévu a vu son titre pénaliser par l'amende infligée par les autorités américaines à sa prestigieuse marque Ferrari pour son manque de transparence sur les défauts de ses modèles (-2,00% à 11,23 dollars). Ford, dont les ventes ont moins reculé que prévu, a cédé 0,71% à 13,99 dollars, et General Motors, qui a moins vendu qu'escompté en octobre, a perdu 0,70% à 31,18 dollars. Dans la pharmacie, le fournisseur de diagnostics médicaux LabCorp, qui va racheter son compatriote Covance (+25,87 dollars à 100,57 dollars) afin de créer un géant du secteur, a abandonné 7,37% à 101,23 dollars. Le groupe de produits de consommation américain Procter & Gamble, dont les activités ont été suspendues en Argentine, a gagné 0,13% à 87,38 dollars. La société américaine de compléments alimentaires et de produits minceur Herbalife, qui a accepté de payer une amende de 15 millions de dollars pour clore des poursuites engagées par un ancien distributeur de ses produits l'accusant "de fraude pyramidale", selon un document boursier, a décollé de 6,56% à 55,90 dollars. Le société devait publier ses résultats après la clôture. Le géant informatique Apple qui devrait procéder à une émission obligataire, dont une partie serait en euros, est monté de 1,30% à 109,40 dollars. Le marché obligataire a reculé. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a avancé à 2,348% contre 2,335% vendredi soir, et celui des bons à 30 ans à 3,066% contre 3,060%.