En Algérie, la crise du logement prend de plus en plus l'allure d'un problème inextricable. Le nombre de demandeurs ne cesse de croître, alors que l'offre est très réduite. Plusieurs formules d'aide au logement ont été créées pour essayer de mettre un terme à la crise, mais en vain. Les Algériens ont toujours du mal à s'acheter un toit. Ainsi, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, a la certitude qu'en 2018, il n'y aura plus de crise de logement en Algérie. Selon lui, de nouveaux programmes sont prévus pour répondre "totalement à la demande" grandissante. Pour ce faire, le ministre de l'Habitat mise beaucoup sur sa formule phare, à savoir la location-vente, confiée à l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL). Il a, en effet, affirmé que le programme en cours de 230 000 unités "sera renforcé" par un autre de 450 000 logements pour porter le nombre total de logements AADL à plus de 650 000. Le ministre rassure, dans ce sillage, que tous les souscripteurs au programme AADL auront leur logement au plus tard en 2018. Selon lui, le rythme des réalisations a été fortement soutenu par l'arrivée en force de sociétés européennes, notamment espagnoles, sur le marché national. Sur un autre registre, Tebboune a indiqué que "le surplus des logements qui seront réalisés dans le cadre du programme des logements en location-vente AADL 2 durant le prochain quinquennat sera affecté au programme AADL 3". "On prévoit un surplus de quelque 100 000 logements après la distribution des logements prévus pour le programme AADL 2", a encore affirmé Tebboune qui a présidé avant-hier une rencontre d'évaluation des activités de son secteur pour le 3e trimestre 2014, avec les directeurs généraux des OPGI et les directeurs de l'Habitat au niveau national. "Une fois que nous aurons satisfait toutes les demandes inscrites dans le cadre du programme AADL2, nous procéderons au lancement d'autres projets destinés essentiellement à un nouveau programme de logements en location-vente", a-t-il assuré. D'après lui, le secteur réalisera un programme supplémentaire dans le cadre du prochain quinquennat pour faire face à la demande croissante sur ce type de logements. Pour lui, la vision du gouvernement est basée sur une stratégie mûrement réfléchie, insistant sur le fait que tous les moyens sont mobilisés pour faciliter l'accès au logement et rendre ce droit constitutionnel un fait réel pour tout Algérien. Un vœu pieux, lorsqu'on sait que les souscripteurs qui attendent depuis bientôt quinze ans de franchir enfin le seuil de "leur domicile" n'ont toujours pas été logés et que des logements continuent à ce jour d'être affectés en sous-main. Tebboune sait de quoi nous parlons.
Lancement des projets restants du plan quinquennal actuel avant la fin décembre 2014 Par ailleurs, le ministre a déclaré que les projets restants du plan quinquennal 2010-2014 "seront lancés avant la fin décembre 2014, ce qui permettra au ministère d'entamer le prochain programme quinquennal à l'entame de l'année 2015". "Le lancement de la réalisation des 87.000 logements restants à l'échelle nationale au titre de l'actuel quinquennat aura lieu avant la fin de l'année et le ministère en a les capacités", pour "clore ainsi le dossier du quinquennat 2010-2014", a affirmé M. Tebboune en marge de cette rencontre. Le ministre a ajouté que le lancement du programme inscrit au titre du prochain quinquennat, prévu en début 2015 "aura lieu dans de meilleures conditions", en vue d'honorer l'engagement du gouvernement à éradiquer définitivement l'habitat précaire à la fin 2015 et à mettre fin à la crise du logement à l'échelle nationale à la fin 2018. Le gouvernement a pris depuis 2012 toutes les dispositions juridiques, réglementaires et financières pour garantir le succès du plan visant à mettre fin à la crise du logement en Algérie à l'horizon 2018, a poursuivi le ministre. Il a, dans ce sens, cité l'exemple de la dynamique qui marque désormais la distribution des logements et la hausse du montant des fonds consacrés au secteur passé de 220 milliards de DA à la fin 2012, à 415 milliards de DA en 2013, et devrait atteindre 650 milliards DA à la fin de l'année en cours.
Les résultats satisfaisants ? Les résultats de la politique d'aide au logement sont-t-ils satisfaisants ? La réponse est oui pour M. Tebboune. Intervenant devant les responsables du secteur, le ministre a rappelé que les résultats réalisés durant le quinquennat actuel étaient "satisfaisants en général, mais insuffisants compte tenu du retard accusé dans certaines wilayas", appelant ces responsables à accélérer le rythme de réalisation pour atteindre les objectifs tracés. M. Tebboune a, en outre, mis en garde les responsables du secteur dans les wilayas -où le lancement et la réalisation des projets de logements accusent un retard- contre le fait d'avancer comme prétexte des changements structurels enregistrés dans quelques wilayas, appelant les directeurs généraux des OPGI et les directeurs exécutifs des projets à assumer leurs responsabilités et à maintenir le même rythme. Le ministre a appelé les cadres du secteur à s'armer de bonne volonté pour le lancement des projets restants avant la fin 2014 et à adhérer à la nouvelle politique du secteur pour réaliser les objectifs du gouvernement, notamment à la faveur de la politique de préfabrication des logements, qui devrait, a-t-il dit, contribuer à accélérer le rythme de réalisation et partant la réception de logements. Concernant la préfabrication de logements, le ministre a précisé que l'objectif était d'obtenir une capacité supplémentaire de réalisation de 60.000 logements par an qui viendrait s'ajouter aux capacités actuelles de 80.000 unités par an, ce qui augmentera la capacité nationale de réalisation de logements à 140.000 unités par an et permettra de venir à bout de la crise de logement et de satisfaire la demande dans ce domaine. Le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville avait annoncé dès avril la construction de 1,6 million de logements pour le quinquennat 2015-2019. Le Premier ministre avait réitéré cette promesse en octobre en assurant que 1,5 million de nouveaux logements tous types confondus seraient construits durant les cinq prochaines années. Or sur les 2,2 millions de logements programmés dans le plan quinquennal en cours (2010-2014), seule la moitié a été réalisée. L'Etat dit pourtant avoir mobilisé l'équivalent de 65 milliards de dollars pour leur construction.