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Don d'organes : Les Algériens pour ou contre ?
Publié dans Le Maghreb le 29 - 11 - 2014

Selon un sondage effectué durant l'année 2014 et qui a touché différentes catégories de la population dans plusieurs villes du pays, pas moins de 89% d'Algériens sont favorables au don d'organes permettant ainsi aux malades de mieux vivre, a indiqué, jeudi à Alger, le docteur Imène Souffli, vice-présidente de l'association don d'organes, Biloba.
Le Dr Souffli a précisé, lors de la 7ème journée portes ouvertes sur le don d'organes, organisée par l'association Biloba, que 40% des personnes interrogées étaient prêtes à s'inscrire sur une liste de donneurs d'organes, précisant que 70% savent qu'ils pouvaient donner un de leurs organes, afin de permettre à une personne malade de continuer à vivre normalement et sans souffrances.
Ces résultats sont le fruit d'une enquête de l'association don d'organes, Biloba, réalisée entre 2012 et 2014 sur un échantillon de 500 personnes à travers les wilayas d'Alger, Sétif, Oran et Tizi Ouzou.
Le Dr Souffli a relevé, dans le cadre de la même enquête, que plus de 30% des personnes interrogées ne connaissaient ni le point de vue de la religion à ce sujet, ni le cadre législatif et réglementaire relatif au don d'organes.
Elle a déclaré, dans le même sillage, que son association préparait un nouveau questionnaire, dans le cadre d'une nouvelle enquête sur le terrain pour permettre de mieux cerner les connaissances de la population, son point de vue et son opinion à ce sujet, afin de mieux prendre en charge les malades.
"Cette nouvelle enquête nous permettra d'établir une campagne de sensibilisation adéquate et adaptée aux différentes situations, en vue de convaincre les gens à faire don de leurs organes et permettre aux malades de vivre sans souffrances", a-t-elle souligné.
L'association don d'organes, appelée Biloba, se propose depuis sa création en 2012 de sensibiliser la société à l'importance du don d'organes des personnes vivantes ou après la mort.

Urgence d'entamer le don d'organes cadavériques
Le Dr Hafidha Chaimi, néphrologue dans un établissement privé a souligné jeudi à Alger la nécessité d'entamer l'opération du don d'organes cadavériques en faveur de malades dont l'état nécessite une greffe.
"Le don d'organes des personnes vivantes se fait chez nous, mais il est indispensable de démarrer le don d'organes cadavériques pour permettre de sauver des vies", a-t-elle indiqué à l'APS, en marge de la 7ème journée portes ouvertes sur le don d'organes, organisé par l'association Don d'organes, Biloba.
Se référant aux enquêtes réalisées par l'association Don d'organes, Biloba, elle a indiqué que la population souffrait d'un manque criant d'informations à ce sujet, appelant à une sensibilisation accrue en donnant des explications et des précisions pour les sensibiliser à faire don de leurs organes afin de permettre aux malades de vivre et d'éviter des souffrances.
"Pour une certaine catégorie de malades, la greffe d'organes est la seule alternative à une mort certaine", a-t-elle dit, soulignant que le développement de la greffe en général est indiscutablement lié à l'évolution du don d'organes.
Elle a relevé dans ce sens qu'entre 2010 et 2013, quelque 499 greffes de rein sur des donneurs apparentés avaient été effectuées à travers le territoire national, avec une moyenne de 125 greffes par an, alors que celles de la cornée étaient de 959 durant la même période.
La spécialiste a ajouté également que 7 greffes seulement du foie avaient été réalisées alors que celles des cellules souches hématopoïétiques s'élevaient à 967, avec une moyenne de 226 greffes par an.
Le Dr Chaimi a affirmé qu'actuellement le don d'organes était en deçà de la demande, sans cesse croissante.
Elle a relevé qu'en Algérie il y avait plus de 19.000 insuffisants rénaux, dont 4000 nouveaux cas chaque année, certains nécessitant une greffe pour leur sauver la vie.
Concernant l'avis religieux à l'égard du don et du prélèvement d'organes sur des cadavres, l'imam de la mosquée d'Hydra, Djeloul Kessoul, a affirmé que l'ensemble de la communauté des oulémas était unanime à autoriser cette pratique pour permettre aux personnes de vivre, soulignant (en se référant au Saint Coran) que celui qui sauve une vie, c'était comme s'il sauvait l'humanité entière.
"Il faut juste avoir le consentement du donneur ainsi que de son entourage pour effectuer cette opération", a-t-il assuré.
L'Association Don d'organes Biloba, se propose depuis sa création en 2012 de sensibiliser la société à l'importance du don d'organes des personnes vivantes ou après la mort.
"Biloba" est une espèce d'arbres répandue au Japon qui a résisté à la bombe nucléaire d'Hiroshima, lors de la deuxième Guerre mondiale.
Pour sa part, le vice-président de l'association, don d'organes, Biloba, Abderezzak Zebboudj a appelé à la réactivation de l'agence nationale des greffes d'organes pour pouvoir réguler le don d'organes en Algérie.

Le problème pas pris au sérieux
Selon le Pr Messaoud Zitouni, chargé du plan national de lutte anti-cancer, le problème des greffes d'organes "n'est pas pris au sérieux" en Algérie. A cet égard, le professeur a dit : "Nous avons mis des difficultés là où il n'en existent pas. Il est urgent de faire une véritable évaluation objective de la question (don d'organes) pour pouvoir mieux avancer", a-t-il souligné.
Il a ajouté qu'il ne fallait pas que les scientifiques "se cachent derrière de faux alibis", affirmant que la religion n'avait jamais été un frein à la science ou à la médecine. De son côté, le Pr Abdelaziz Geraba, spécialiste en chirurgie au CHU Mustapha d'Alger a souligné la nécessité de développer le don d'organes sur les morts encéphaliques pour sauver des vies, notamment celles qui dépendent d'une greffe d'organes.
Pour lui, le développement de cette pratique est tributaire de la mise en place d'un cadre organisationnel pour recevoir notamment les donneurs cadavériques.
Le Pr Geraba a indiqué également qu'il fallait sensibiliser les familles à la nécessité du don d'organes, qui peuvent donner vie à d'autres personnes.
"A quoi sert de mourir avec ses organes, ce qui est important c'est l'esprit. Les organes d'une personne, une fois morte, dépérissent", a-t-il expliqué, ajoutant que "si la population n'adhérait pas à cette initiative, cela ne marcherait jamais".

Le consenrement du citoyen doit être clairement formulé
Le consentement explicite du citoyen pour le don d'organes doit être formulé clairement de son vivant pour le prélèvement éventuel de ses organes après sa mort, a indiqué la présidente de l'association du don d'organes Biloba, Dr Radia Kraiba lors d'une conférence de presse sur le don d'organes.
"Un débat sur le don d'organes est vivement souhaité au sein des familles pour expliciter la position de tout un chacun sur la question du don d'organes et pouvoir, le cas échéant, prélever les organes d'un individu après sa mort", a précisé le Dr Kraiba.
L'avis des citoyens sur le don d'organes doit être clair et formulé, a ajouté la présidente de l'association Biloba, précisant que les familles des défunts doivent respecter les vœux des morts et ne pas s'opposer aux prélèvements. Pour ce faire, le vic- président de l'association, Abderezak Zebboudj, a expliqué que les citoyens désirant faire don de leurs organes devaient se munir d'une carte de donneur, disponible dans tous les centres de soins de référence.
La carte de donneur n'a certes pas de valeur juridique mais définit clairement le voeu du citoyen, a-t-il explicité, appelant dans ce sens les familles des défunts à ne pas s'opposer à la volonté des personnes décédées.
Pour encadrer les familles des victimes, il a suggéré l'amélioration des conditions d'accueil des familles des morts dans les établissements hospitaliers et d'attendre le moment opportun avant de proposer le prélèvement des organes.
La liste d'attente des personnes ayant besoin d'une greffe est actualisée régulièrement selon des critères bien définis pour garantir un accès équitable et anonyme pour tous les malades dans le besoin.
En outre, la vice-présidente de la même association, Imene Soufli, a rappelé que tous les organes peuvent être prélevés sur un cadavre en mort encéphalique (électroencéphalogramme statique) et que seulement la cornée pouvait être prélevée chez le mort cardiaque (électrocardiogramme statique).
S'agissant du donneur vivant, elle a informé que le donneur vivant peut essentiellement donner un rein, une partie du foie ou du poumon et des cellules de la moelle osseuse sans que cela n'intente à sa santé.
D'un point de vue juridique, la greffe et le don d'organes sont énoncés par la loi 58/05 relative à la protection et la promotion de la santé.
La religion musulmane n'interdit pas le don d'organes dans le but de sauver d'autres vies et la gratuité du don est un principe primordial.


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