Le scandale né de l'importation par l'Algérie d'une quantité de pomme de terre infecté par la pourriture bactérienne en provenance du Canada connaît un nouveau rebondissement. Pris la main dans le sac, après que les services phytosanitaires relevant du ministère de l'Agriculture eurent découvert l'arnaque, les Canadiens ont d'abord essayé de mettre cette affaire sur le dos des Algériens. En effet, l'ambassade du Canada a adressé en date du 4 novembre 2007 une mise au point à toutes les rédactions nationales les informant que "le navire M/V Green Concordia qui transportait 3 500 tonnes métriques de pomme de terre de consommation de l'Ile-du-Prince-Edourd et environ 300 tonnes métriques de pomme de terre de consommation du Québec a quitté le Port-de-Summerside pour l'Algérie le 17 octobre dernier". L'ambassade du Canada a aussi précisé qu'"après le départ du navire, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a informé l'exportateur des résultats des analyses de laboratoire qui confirmaient la présence de la flétrissure bactérienne dans la pomme de terre du Québec". Une mise au point qui est bien évidemment pleine de sous-entendus. Or, il s'avère, aujourd'hui, que l'ACIA a délivré tous les certificats phytosanitaires nécessaires aux 3 800 tonnes de pomme de terre de consommation en partance pour l'Algérie ce fameux 17 octobre et a attesté de l'absence de toute bactérie au niveau de ce chargement. On aurait pu s'attendre au pire et cette marchandise que certains se plaisent à appeler l'abominable tubercule du pays de l'érable aurait pu être commercialisée sur le marché algérien n'était la vigilance des agents de contrôle phytosanitaire. Il est vrai que depuis la première saisie de pomme de terre impropre à la consommation, les services du ministère de l'Agriculture sont en alerte. C'est ainsi qu'en date du 5 novembre, et au moment du déchargement du navire Green Concordia, les agents de contrôle phytosanitaire ont senti une odeur nauséabonde au niveau de l'une des cales du navire. Il est vrai que 800 tonnes de pomme de terre saine ont été libérées. Il en reste néanmoins que l'ACIA a déclaré avoir détecté une bactérie dénommée "Clavibactor Michiganeusis Sub SP" sur la pomme de terre en provenance du Québec à destination de l'Algérie. Cet élément nous pousse à nous interroger sur deux possibilités. Soit les 300 tonnes de pomme de terre pourrie en provenance du Québec ont été intégrées à l'ensemble de la marchandise contrôlée par l'ACIA et celle-ci a délivré un certificat phytosanitaire de la marchandise sans être certaine de sa provenance, ce qui est gravissime, soit les autorités canadiennes ont laissé sortir hors de leur territoire la marchandise non contrôlée, ce qui est encore plus grave. L'ensemble de ces faits démontre que toutes ces actions, ont été entreprises dans le but de flouer les autorités algériennes. Il est vrai qu'au niveau du port les agents du ministère de l'Agriculture vérifient les certificats phytosanitaires qui font foi, surtout si ceux-là proviennent d'une institution aussi prestigieuse que l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Aussi, les agents de contrôle phytosanitaires prélèvent de la marchandise par sacs de 25 kg pour les soumettre au contrôle de la qualité. Le fait que la pomme de terre infectée ait été dissimulée en fond de cale sous la marchandise saine n'a fait que confirmer que cela n'a été fait que dans un seul but, arnaquer les autorités, puisque les contrôles phytosanitaires sont des sondages. Il ne serait pas non plus étonnant que la marchandise saisie au niveau des marchés algériens ait été introduite de manière similaire. Il est vrai que depuis la date des faits le Green Concordia a été bloqué au niveau du port d'Alger en attendant les résultats de l'enquête initiée par le ministère de l'Agriculture. Aussi, une source qui a requis l'anonymat affirme que le ministère est bien décidé à porter l'affaire devant la justice. En effet, la volonté de flouer les Algériens est évidente et tout a été mis en œuvre dans cet objectif. Si l'on pense que cette marchandise a été payée en devises sonnantes et trébuchantes et que la supercherie a été découverte grâce à la vigilance des agents du ministère de l'Agriculture, on serait en droit de s'interroger sur ce qui se passe quand il s'agit de dons adressés aux populations qui souffrent de famine dans des pays dénués de tout moyen de contrôle. Une chose est sûre, l'ACIA est en train de jouer sa réputation dans cette affaire, laquelle pourrait porter un sérieux coup aux relations commerciales entre l'Algérie et le Canada, surtout lorsqu'on sait que les Algériens importent de ce pays des céréales et du lait. Cette affaire ne fera que les dissuader d'entreprendre une quelconque transaction dans ce sens.