L'ambassade du Canada atteste que «l'Acia n'a pas délivré de certificat phytosanitaire pour les pommes de terre provenant du Québec». Confirmation de taille dans le scandale de la pomme de terre. Le produit importé du Canada a été bel et bien affecté par la flétrissure bactérienne. L'ambassade du Canada à Alger en a apporté des précisions. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, la représentation diplomatique du Canada a noté, noir sur blanc, qu'«après le départ du navire», contenant de la pomme de terre exportée vers l'Algérie, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (Acia) a informé l'exportateur des résultats des analyses de laboratoire qui confirmaient la présence de la flétrissure bactérienne dans les pommes de terre du Québec. Et d'affirmer encore que «le navire contenait des pommes de terre de consommation (...) non certifiées du Québec». Dans le même sillage, l'ambassade atteste que «L'Acia n'a pas délivré de certificat phytosanitaire pour les pommes de terre provenant du Québec». Enfonçant davantage les responsables algériens, l'Acia confirme, par le biais de son ambassade à Alger, qu'elle «avait indiqué clairement à l'exportateur, responsable d'un envoi de pomme de terre de consommation de l'Ile-du-Prince-Edouard destiné à l'Algérie, que ces produits devraient être accompagnés d'un certificat phytosanitaire qui confirme que le produit est exempt de la flétrissure bactérienne». Ce communiqué confirme que la pomme de terre provenant du Québec a été mise sur le marché algérien sans «certificat phytosanitaire qui confirme que le produit est exempt de la flétrissure bactérienne». Ainsi, où sont les services et les laboratoires chargés du suivi et du contrôle des produits importés? Quelle est la mission du ministère du Commerce? Comment a-t-on pu faire rentrer au port des produits qui mettent en danger la santé publique? Certes, au niveau du port, quelques quantités ont été saisies. Et le reste? La responsabilité est partagée. Les services du Commerce, ceux de l'Agriculture et les services douaniers sont tous concernés, même à un degré différent. Si le communiqué de l'ambassade du Canada se veut être informatif, il soulève, néanmoins, quelques questions. L'Acia qui tente de se laver les mains de ce scandale, affirme quand même qu'elle n'a pas délivré de certificat phytosanitaire pour les pommes de terre provenant du Québec. Pourquoi exporte-t-on un produit non certifié? L'Acia confirme que l'exportateur leur a remis «une déclaration écrite dans laquelle il affirme que les pommes de terre du Québec ne seront pas présentées pour importation en Algérie». Encore-là, il y a à boire et à manger dans cette précision. Cela confirme, indirectement, que les résultats étaient connus avant même le départ du navire vers l'Algérie. Sinon, pourquoi exige-t-on un écrit sur un produit certifié. Pourquoi exige-t-on que «les pommes de terre de Québec ne seront pas présentées pour importation en Algérie», si on ne savait pas à l'avance qu'elles étaient affectées? Les contradictions relevées dans ce communiqué confirment que le processus d'importation comportait plusieurs irrégularités. A commencer d'abord par le choix de l'importateur. Qui est-il? Quels sont les services qui l'ont choisi? Sur quels critères? Au département de Djaâboub, ministre du Commerce, on affirme que le cahier des charges de l'importation relève des missions de la Chambre d'agriculture. On a essayé, vainement, de prendre attache avec les services suscités pour avoir plus d'explications sur ces questions. Le communiqué de l'ambassade du Canada confirme que la flétrissure bactérienne, qui est une maladie très dangereuse pour la pomme de terre et d'autres plantes, ne présente aucun risque pour la santé humaine. Maintenant que le scandale est mis à nu, quelles seront les mesures que prendront les services compétents? Encore le silence?