L'Algérie se prépare déjà à devenir un des pays producteurs de gaz non conventionnel. Mahieddine Touhami, directeur technique à Sonatrach, a évoqué, hier, à Alger, l'importance nouvelle de l'investissement dans le gaz de schiste. Une première évaluation a été faite, en effet, en 2009 et a montré qu'il existe un important potentiel de ressources en non conventionnel en Algérie. L'étude et le développement du gaz de schiste en Algérie sont parmi les priorités de Sonatrach. Les projets s'étalent à travers le territoire national afin d'avoir une bonne maîtrise de ce que recèle le sous-sol en tant que ressources. Plusieurs puits devraient être forés en 2020. En matière d'environnement, la règlementation doit être stricte, estime Mahieddine Touhami. Elle sera totalement différente de celle qui est appliquée en Europe ou aux Etats-Unis. C'est un environnement qu'il faut adapter aux conditions que nous avons et qui ne sont pas du même ordre des autres pays. Ainsi, dans une intervention au sommet nord-africain de pétrole et de gaz qui se tient du 7 au 9 décembre à Alger, le vice-président Amont du groupe Sonatrach, Mahieddine Touami, a estimé que les mises en garde lancées par certains sur l'impact environnemental de la production de gaz de schiste étaient "exagérées". Il a, tout d'abord, rappelé que Sonatrach ne procéderait à l'extraction du gaz de schiste que si l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) donnait son aval en prenant compte des résultats de l'étude des impacts environnementaux. Quant aux spécificités qui caractérisent le gaz de schiste algérien, il a observé que les contraintes environnementales de son extraction dans le Sahara algérien n'étaient pas similaires à celles des zones peuplées aux Etats-Unis et en Europe. En outre, a-t-il poursuivi, les premières expériences d'extraction de ce gaz en Algérie ont prouvé qu'il n'était pas nécessaire d'utiliser de grosses quantités d'eau pour la fracturation hydraulique, alors que l'un des arguments avancés par les détracteurs de la production de gaz de schiste concerne les apports considérables en eau pour fracturer la roche qui renferme cet hydrocarbure. Selon lui, seulement un tiers des volumes d'eau initialement prévus a été finalement utilisé lors de ces expériences d'extraction menées en Algérie. L'autre argument avancé par M. Touami est que les résultats d'une opération de fracturation hydraulique que Sonatrach a récemment finalisée ont démontré que la roche était fracturable avec un potentiel "relativement faible". Ce qui lui a fait dire que ces atouts permettraient d'améliorer l'attractivité de l'investissement dans ce domaine en Algérie qui prévoit d'entamer l'exploitation commerciale du gaz de schiste à partir de 2022 avec une capacité de 20 milliards de m3. Avec des réserves estimées à 19.800 milliards de m3, l'Algérie est classée au 3ème rang mondial, juste après la Chine et l'Argentine, en termes de réserves de gaz de schistes récupérables. Ces réserves sont situées essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et de Tindouf. Il est utile de rappeler dans ce sens que le ministre des Ressources en eau a affirmé en juin dernier que l'exploitation des gaz de schiste n'aura pas d'impact significatif et ne constitue pas un risque réel de pollution sur les ressources hydriques fossiles du Grand Sud algérien. Il a également défendu la décision du gouvernement pour l'exploitation des gaz de schiste estimant que c'est un choix "souverain, stratégique" et qui ne devrait pas poser de problème en ce qui concerne la gestion des ressources hydriques du pays.