L'agence de notation Fitch Ratings a abaissé vendredi la note de la France de AA+ à AA en l'assortissant d'une perspective stable en raison notamment du dérapage budgétaire. Fitch a également qualifié de faibles les perspectives économiques du pays et affirmé que celles-ci pesaient sur la consolidation des finances publiques et la stabilisation du ratio de la dette. L'économie française devrait croître moins que la moyenne des pays de la zone euro pour la première fois en quatre ans, a souligné Fitch. L'agence estime que le programme de réformes structurelles du gouvernement n'apparaît pas suffisant pour renverser les tendances négatives qui pèsent sur la croissance à long terme et la compétitivité. Fitch table sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) français de 0,4% en 2014 et de 0,8% en 2015, année où la dépréciation de l'euro et les prix du pétrole plus bas soutiendront quelque peu la croissance. Malgré les mesures d'économie de 3,6 milliards d'euros annoncées par le gouvernement, qui vont mener le déficit 2015 à 4,1% du PIB au lieu de 4,3% prévus auparavant, cela ne sera pas suffisant pour changer les projections de Fitch sur la dynamique de la dette publique de la France, ajoute l'agence. Dans un communiqué, le ministre français des Finances Michel Sapin a assuré que la politique menée commence à porter ses fruits, puisque les entreprises bénéficient des premiers effets des baisses de prélèvements, qui se poursuivront durant les prochaines années. Dans un contexte économique difficile en Europe, le gouvernement maintient son cap, avec la mise en œuvre des économies prévue, avec la poursuite des réformes nécessaires pour renforcer la croissance et rendre les entreprises plus compétitives, explique encore M. Sapin. Fitch souligne qu'à 4,1% du PIB, le déficit prévu pour 2015 ne présente pas d'amélioration par rapport à celui de 2013. Le gouvernement projette aussi un déficit de 4,4% pour 2014, au lieu de 3,8% prévu en avril. Ces dernières déviations dans les objectifs budgétaires affaiblissent la crédibilité budgétaire, affirme encore l'agence ajoutant que c'est la deuxième fois depuis fin 2012 que le gouvernement français retarde l'objectif d'atteindre le seuil de déficit de 3% que réclame l'Union européenne. Le gouvernement français a repoussé cet objectif à 2017. Selon le projet de budget 2015, les autorités françaises estiment que le ratio d'endettement va culminer à 98% du PIB avant de régresser à 97,3% en 2017 et 92,9% en 2019, rappelle Fitch, qui souligne toutefois que la capacité des finances publiques à absorber des chocs se réduit de façon significative. La dette française est parmi les plus sûres et les plus liquides au monde avec une charge de la dette contenue, affirme le gouvernement français dans son communiqué, assurant que la confiance des investisseurs se nourrit d'une stratégie économique cohérente que le gouvernement entend poursuivre avec détermination. Fitch avait menacé d'abaisser la note de la France dès la mi-octobre. Le 10 octobre sa concurrente Standard and Poor's avait elle aussi lancé un avertissement, en faisant passer à négative au lieu de stable la perspective d'évolution de la note de la dette française, qu'elle maintenait à AA. Standard and Poor's est traditionnellement plus sévère à l'égard de la France, qu'elle avait été la première à priver de son triple A, en janvier 2012. Ses concurrentes Moody's et Fitch continuaient dernièrement d'accorder la deuxième meilleure note possible à la qualité de la dette française, alors que S&P était déjà descendue au troisième cran.