L'agence de notation Moody's a laissé, avant-hier, inchangée la note de la France, AAA avec perspective négative, indiquant qu'elle se donne quelques mois pour évaluer la politique économique du gouvernement français, dans un environnement économique difficile en zone euro. Pour Moody's, le nouveau président français François Hollande a montré sa détermination à relancer l'économie, mais le chemin pour y parvenir reste incertain. Le AAA est la meilleure note possible chez Moody's. La note souveraine de la France a été abaissée d'un cran de AAA à AA+ en janvier par Standard Poor's et reste AAA chez Fitch. Les trois agences associent une perspective négative à leur note. Compte tenu des incertitudes liées à la crise en zone euro, "durant la seconde partie de l'année, et en particulier après les élections législatives à venir, Moody's attend que l'actuel gouvernement donne une image plus claire de son programme", selon l'agence de notation. Pour elle, les objectifs de moyen terme de François Hollande, tant sur l'assainissement budgétaire que la croissance, sont quasi similaires à ceux du sortant Nicolas Sarkozy. Toutefois, M. Hollande compte davantage sur l'augmentation des recettes que son prédécesseur, selon l'agence. Moody's a attribué une perspective négative au triple A de la France mi-février, ce qui signifie qu'elle envisage d'abaisser la note "à moyen terme". "Moody's dégraderait la note de la France si le gouvernement ne parvenait pas à stabiliser et à réduire le niveau élevé du ratio d'endettement", souligne Moody's dans un communiqué. "Au cours du second semestre, et en particulier après les élections législatives de juin, Moody's s'attend à avoir une vision plus claire du programme gouvernemental qui sera adopté et des risques pesant sur l'atteinte des objectifs de politique économique résultant des défis en cours auxquels est confrontée la zone euro", précise l'agence. Moody's avait abaissé le 13 février la perspective de la note française de stable à négative tout en restant à Aaa. Le nouveau gouvernement français a repris les engagements budgétaires de son prédécesseur et promet de réduire le déficit public de 5,2% du produit intérieur brut fin 2011, 4,5% fin 2012 et 3,0% fin 2013. "Incertitude" Cette réduction s'appuie sur des hypothèses de croissance supérieures à celles des institutions internationales et des économistes ainsi que sur un programme prévoyant d'importantes hausses d'impôts. Le gouvernement table sur une hausse du PIB de 0,5% cette année et de 1,7% en 2013. L'objectif est d'atteindre l'équilibre des comptes publics fin 2017, pour la première fois depuis 1974, et de faire baisser le ratio de dette publique, qui s'approche de 90% du PIB, à environ 80%. "Nous pensons que le niveau général d'incertitude concernant la capacité d'atteindre ces objectifs de consolidation budgétaire et de croissance est inchangé", poursuit Moody's. "La crédibilité des mesures fiscales budgétaires et économiques, qui restent à définir, ainsi que leur mise en place et l'atteinte des objectifs, constitueront des facteurs clés", ajoute l'agence. Pour Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur-crédit Euler Hermes, "c'est une bonne nouvelle. Cela laisse une chance à la politique économique de redresser, productivement, des fondamentaux fragilisés". "Historiquement, les notations des trois principales agences convergent toujours à horizon de six mois. Cette décision est de facto une mise en garde au sensationnalisme dans les décisions de notation et un rappel que le modèle français mérite que l'on s'attarde aux détails de son fonctionnement."