Pour la première fois l'élection du président, qui en Grèce joue un rôle plutôt protocolaire, pourrait entraîner une crise politique. Les députés grecs font face à un choix: voter pour le candidat de la coalition au pouvoir et soutenir la politique du Premier ministre Antonis Samaras, ou opter pour des changements radicaux: la démission du gouvernement, des législatives anticipées et éventuellement un changement radical de ligne politique. En prévision du vote, le Premier ministre grec Antonis Samaras a souligné qu'une élection rapide pourrait stabiliser la situation économique et sociale en Grèce et contribuerait à consolider la société. Les dirigeants de la coalition parlementaire bipartisane (le chef du parti de centre-droit Nouvelle démocratie Antonis Samaras et le leader du parti de centre-gauche PASOK Evangelos Venizélos) ont ainsi avancé la candidature de l'ex-commissaire européen à l'environnement Stavros Dimas, 70 ans, car cet homme politique de centre-droit modéré est une figure relativement consensuelle - sachant que les partis de la coalition au pouvoir occupent 155 sièges au Parlement. Au premier tour, selon la législation grecque, Dimas devait remporter deux tiers des voix de députés (200 sur les 300). Selon la loi, si le candidat n'obtient pas les 200 voix au premier tour, un deuxième est organisé quelques jours plus tard. Enfin, une troisième étape finale a lieu si le candidat ne parvient toujours pas à s'assurer le soutien de 200 députés: le seuil est alors réduit à 180 voix. Actuellement les députés de l'opposition, notamment les membres de la Coalition de la gauche radicale Syriza, sont prêts à voter contre n'importe quel candidat pour provoquer la démission du gouvernement. Selon les pronostics de Iouri Kvachine de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales de Moscou (IMEMO), la probabilité d'une élection du président au premier tour était extrêmement faible: Dimas aurait pu obtenir 170 voix au mieux, si les 155 députés de la coalition au pouvoir avaient bénéficié du soutien des députés indépendants. D'après l'expert, il est en fait fort probable que Dimas ne soit pas élu président. Quelles seraient les conséquences de législatives anticipées pour la Grèce? Selon les sondages Syriza, dirigée par le jeune politicien Alexis Tsipras, est un leader incontestable: la coalition prône la révision des accords entre la Grèce et la troïka internationale des créanciers (FMI, BCE, Commission européenne) et un allègement de la dette grecque par l'UE. Syriza est suivie de Nouvelle démocratie, puis PASOK ou le Parti communiste. Les autres mouvements politiques, dans le meilleur des cas, passeront la barrière des 5%. "Si Syriza remportait la victoire - et elle a de grandes chances - la situation serait compliquée. Le parti de Tsipras n'aura probablement pas suffisamment de voix pour former une coalition à lui seul et il devra pactiser avec PASOK, voire Nouvelle démocratie. La probabilité d'une crise politique en Grèce est donc très élevée", conclut l'expert.