En faisant des législatives un référendum pour ou contre l'Europe, Antonis Samaras, le dirigeant de la ND (conservateur) a réussi son pari. Il avait exigé la tenue d'élections anticipées avant le terme normal d'octobre 2013, en échange de son soutien au Mémorandum de la troïka (UE, FMI et banque européenne). Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND), pro-européens déclarés, ont donc gagné les élections législatives en Grèce. Grâce au bonus de cinquante députés que la Constitution accorde à toute liste arrivée en tête dans ce scrutin à la proportionnelle, la ND, qui a recueilli 30,1% des voix, se retrouvera avec 130 députés au Parlement, qui en compte 300 en tout. Elle devance de trois points et demi le Syrisa, la coalition de gauche radicale du jeune Alexis Tsipras qui na pas rejeté l'euro mais rejette les plans d'austérité de la Troïka. Samaras a commencé les tractations pour la formation d'un gouvernement d'union nationale “pour le salut du pays", avec le leader du Pasok (socialiste pro-européen, 33 sièges), l'ancien ministre des Finances Evangelos Venizélos. Le Pasok ne désespère pas d'obliger Tsipras à participer aux inévitables réformes du secteur public, mais il est peu vraisemblable que le Syrisa, devenu la première force d'opposition (70 sièges au Parlement), accepte de cautionner une rigueur très impopulaire. Sûr d'être le prochain Premier ministre, Samaras de la ND a appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale, Avec le soutien du Pasok, il est déjà sûr d'obtenir une majorité de gouvernement mais Samaras cherche à élargir sa coalition avec la droite indépendante (20 sièges) et le petit parti de la gauche démocratique (16 sièges). Le soulagement de l'UE ne peut masquer la spectaculaire progression de Syrisa. Dans l'histoire de l'Europe démocratique d'après la Seconde Guerre mondiale, on n'avait jamais vu un mouvement politique réaliser une ascension électorale aussi fulgurante. Syrisa n'avait obtenu que 5% des voix aux élections grecques du 4 octobre 2009 et à celles, anticipées, du 6 mai 2012, il était, à la stupeur générale, monté à 17%, devenant la deuxième formation de Grèce, derrière la ND. La gauche radicale a fait un bond cette fois-ci, gagnant près de 10% des voix grecques en l'espace d'un mois. Par contre, le parti néofasciste Aube dorée, autant anti-immigrés qu'anti-Bruxelles, a fait du surplace, il a conservé sa percée du 6 mai, qui avait surpris toute la classe politique. Ce parti, dont le porte-parole a giflé sur un plateau télévisé une députée communiste, obtient 19 sièges au Parlement. D. B.