L'inflation a encore ralenti en novembre dans la zone euro, tombant à 0,3% après 0,4% en octobre, et pourrait encore baisser plus par la suite, voire basculer en territoire négatif avec la chute des prix du pétrole, avertissent des analystes. L'inflation s'établissait à 0,9% un an auparavant. Ce nouveau ralentissement rapproche la zone euro de la déflation, redoutée par les économistes car défavorable à la croissance. A 0,3%, l'inflation dans la zone euro est très éloignée de l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) d'un peu moins de 2%. Elle est à son plus bas niveau depuis octobre 2009. Par pays, en novembre, des taux négatifs ont été observés en Grèce (-1,2%) et en Espagne (-0,5%), tandis que l'évolution des prix a été nulle à Chypre, en Estonie et en Slovaquie, et quasi-nulle en Belgique, au Portugal et en Slovénie (+0,1%), a indiqué l'office européen de statistiques Eurostat qui a publié une deuxième estimation. C'est en Autriche (+1,5%) et en Finlande (+1,1%) que l'inflation a été la plus élevée. Le taux d'inflation s'est établi à 0,3% en Italie et aux Pays-Bas, 0,4% en France et 0,5% en Allemagne. Dans le détail, le nouveau ralentissement de l'inflation est lié à la forte baisse des prix de l'énergie (-2,6% en novembre, chiffre révisé), après un repli de 2% en octobre. Les prix des biens industriels hors énergie ont reculé de 0,1% comme en octobre. Les services ont vu leurs prix en revanche augmenter de 1,2% en novembre (chiffre révisé) comme le mois précédent, et ceux de l'alimentation, des boissons alcoolisées et du tabac de 0,5% (stable par rapport à octobre). L'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) s'est-elle établie à 0,7% en novembre, comme en octobre, a souligné Eurostat. Par secteurs, les plus forts impacts à la hausse sur le taux annuel d'inflation proviennent des restaurants et cafés (+0,09 point de pourcentage), des loyers (+0,08 point) et du tabac (+0,06 point), tandis que les carburants pour le transport (-0,22 point), les télécommunications et les combustibles liquides (-0,09 point chacun) ont eu les plus forts impacts à la baisse. Dans l'ensemble de l'UE, l'inflation s'est établie à 0,4% en novembre après 0,5% en octobre.
La chute des prix du pétrole en cause La récente chute des prix du pétrole risque d'aggraver la situation, souligne Johannes Garreis de Natixis, qui s'attend à une inflation négative en décembre (-0,1%) et encore plus basse début 2015, soit une entrée en déflation. Dans ce contexte, "il est peu probable que la BCE reste les bras croisés, elle devrait au contraire intensifier ses mesures au premier trimestre, avec un risque d'agir lors de sa réunion de janvier", prévue le 22, poursuit l'analyste. "C'est plus une question de savoir quand la BCE va agir que si elle va agir", renchérit Howard Archer de IHS Global Insight. La BCE a déployé depuis le mois de juin un vaste arsenal de mesures afin de soutenir l'économie. Elle a lancé deux programmes de prêts géants bon marché aux banques (TLTRO), l'un en septembre, l'autre en décembre, avec un succès mitigé. Mais elle pourrait surtout décider en 2015 des rachats massifs d'actifs sur le modèle de la Fed américaine. Mercredi, un dirigeant de la BCE a toutefois estimé que la baisse du prix du pétrole était "une bonne nouvelle" pour la zone euro. "Un coût de l'énergie plus faible soutiendra le pouvoir d'achat des ménages et donc la croissance en 2015. Cet effet-là est avéré", a affirmé Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. En début de mois, le président de la BCE Mario Draghi s'était inquiété publiquement de l'évolution des cours de l'or noir. Ces propos avaient alimenté les spéculations concernant le lancement prochain par la BCE d'un programme d'achat d'actifs à très grande échelle (assouplissement quantitatif ou "QE").