Dérapage, confusion, guerre des prix, spéculation sur la production pétrolière, spirale à la baisse des économies des pays producteurs: un ton alarmiste prévalant dans les milieux politiques et financiers, dans les pays producteurs, après la récente réunion de l'Opep qui s'est tenue fin novembre à Vienne, avec comme résultat le maintien de la production actuelle afin de ne pas équilibrer les prix des cours actuels de pétrole en chute libre depuis le mois de juin dernier. La non réduction de la production légalisée par l'Opep sous la pression de l'Arabie saoudite, soit le statu quo permettant une chute plus grave du prix du baril, est une entorse de taille au fonctionnement collégial de l'Opep provoquée délibérément par les Saoudiens. Lors de la réunion des pays arabes producteurs de pétrole, qui s'est tenue dimanche à Abou Dhabi, les pays du Golfe, encore eux, l'Arabie saoudite en meneur ont évité toute discussion sur la baisse de la production de pétrole susceptible de faire grimper les cours actuels. Ryadh, en particulier, a farouchement défendu hypocritement cette intransigeance face à Alger, Téhéran, Moscou ou encore Caracas, fixés sur une réduction de l'offre sur le marché mondial. Les cours de pétrole ont perdu plus de 50 % depuis le mois de juin dernier à cause de l'abondance de l'offre. Le renforcement de la valeur du dollar et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale ont aussi contribué à la baisse du prix de l'or noir. L'Arabie saoudite ne conteste pas cette chute des cours pétroliers et qui répond plus à la situation actuelle. Les autres membres du cartel demandent une réduction de la production qui leur serait nécessaire pour conserver leur pouvoir d'achat. Là et devant la solidarité des pétromonarchies, rien n'est possible, aucun compromis n'est envisagé. Les pays consommateurs se réjouissent déjà d'avoir des "défenseurs" zélés au sein de l'Opep et augurent d'un effondrement de l'Organisation. En effet, les monarchies du Golfe, en se mettant dans le camp des pays occidentaux consommateurs de pétrole arabe, violent la vraie nature de l'Opep d'être une coalition d'intérêts, par-delà les divergences idéologiques et politiques : chacun de ses membres a intérêt à pousser les prix, au moins pendant une longue période. Il lui reste à rendre compatibles les intérêts à court et long termes. Sinon, on peut faire confiance aux Saoudiens et aux Américains pour grossir la faille et en faire une véritable brèche. Les pétromonarchies, en rompant la solidarité de l'Opep, montrent que la sauvegarde des intérêts occidentaux leur paraît plus importante que le maintien de leurs royalties. Autant dire que les rois et les princes du Golfe prennent une lourde responsabilité, car leur attitude ne sert en rien le monde arabe. La mise en cause de Ryadh dans cette situation est désormais portée sur la place publique: il est évident, le prix du baril de pétrole est en effet devenu une variable politique que les sociétés arabes observent avec la même attention qu'autrefois les bases militaires américaines et françaises et où les pactes des pays du Golfe avec l'impérialisme est de mise. A quand les premières manifestations de rue des Arabes contre la baisse du prix du pétrole et contre les pétro-monarchies. La réunion des pays arabes exportateurs de pétrole tenue dimanche à Abou Dhabi a mis en évidence le fait qu'aujourd'hui comme hier, et malgré la ferme détermination des membres du cartel, la politique pétrolière de l'Arabie saoudite est décidée à Washington.