Le nombre des personnes souffrant d'hémophilie est en augmentation en Algérie. Il a été environ de 543 patients en 1963 alors qu'il a dépassé de loin le triplé de ce nombre en 2012, pour atteindre 1843 diagnostiqués, et près de 3000 en théorie. C'est le constat fait, hier, par la présidente de l'Association algérienne des hémophiles. Ainsi, l'accessibilité au traitement préventif destiné aux hémophiles "doit bénéficier à tous les malades", a affirmé hier à Alger la présidente de l'Association algérienne des hémophiles, Latifa Lamhene. "Hormis les grands centres hospitalo-universitaires du pays, le traitement préventif destiné aux hémophiles n'est pas disponible pour les malades résidant dans les régions reculées", selon Mme Lamhene. Elle intervenait en marge du workshop sur "la prophylaxie (traitement préventif) de l'hémophile et le contrôle qualité diagnostic d'hémophilie", organisé par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en partenariat avec la Fédération mondiale de l'hémophilie (FMH). Elle a déploré, en outre, l'absence dans les régions enclavées du pays d'hématologues et des conditions thérapeutiques nécessaires pour la prise en charge des malades atteints de cette pathologie, particulièrement lourde. La représentante des malades atteints d'hémophilie a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de prescrire de manière "harmonieuse" le traitement destiné aux malades, selon la spécificité de la maladie. "Les malades atteints d'hémophilie de type A doivent être traités avec le Facteur 8 alors que ceux souffrant de type B doivent être soignés avec le Facteur 9. Or, il y a des cas isolés où la prescription n'a pas été adéquate, entraînant des conséquences fatales sur le malade", a expliqué Mme Lamhene. Elle a plaidé, en outre, pour la création d'un centre de référence disposant de données internationales et qui assurerait une mise à jour du suivi du processus de traitement d'hémophilie, notant les risques de complications qu'occasionne une mauvaise prise en charge du malade. D'où l'importance d'une prophylaxie "adéquate, précoce et structurée". "Le bon suivi du malade permettrait de lui faire éviter le coût d'une intervention dont le coût oscille entre 1 et 5 milliards de centimes", a-t-elle fait savoir. De son côté, le représentant de la FMH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le Dr Assad Haffaf a également relevé l'intérêt d'"améliorer" le diagnostic et d'"harmoniser" le traitement, à travers des programmes de sensibilisation et une formation continue au profit du personnel médical. A ce propos, a-t-il révélé, la FMH a concrétisé depuis 2000 deux jumelages de centres de traitement (Beni-Messous/Paris et Oran/Strasbourg) et pris en charge la formation d'hématologues aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, notant que cette action se poursuivra encore pour bénéficier à d'autres spécialistes. L'hémophilie est une maladie à transmission héréditaire qui affecte quasi-exclusivement les garçons et se traduit par une incapacité du sang à se coaguler. En Algérie, le nombre d'hémophiles (auxquels s'ajoutent ceux atteints de troubles de coagulation) se situerait actuellement autour de 2035, selon les chiffres de l'Association algérienne des hémophiles.