La vie reprend au complexe gazier d'In Amenas, deux ans après qu'une attaque d'al-Qaida ait fait 38 morts dans le désert algérien. Le complexe reprend, petit à petit, ses activités. Certes, deux ans après l'attaque terroriste, le site n'est pas encore totalement opérationnel. Mais il faut voir les choses du bon côté. Ainsi, le complexe gazier de Tiguentourine, qui poursuit ses activités dans la sérénité, s'est désormais fixé un nouveau défi à relever: une plus grande implication dans le développement local tout en l'inscrivant dans la durabilité. Les images de fumée et de terreur de l'attaque terroriste qui a visé ce site un certain 16 janvier 2013 ne sont plus qu'un mauvais souvenir, alors que responsables et travailleurs de ce complexe, qui tourne actuellement à plus de 75% de ses capacités, maintiennent le rythme dans le but de tenir la promesse de porter cette production à plein régime. Une remise en service, prévue avant la fin juin prochain, du troisième train de production dont les dommages causés par l'attaque se sont avérés plus sérieux, permettra d'atteindre cet objectif, promet Slimane Benmaazou, directeur de la joint-venture Sonatrach-BP-Statoil qui opère dans le complexe. Les ambitions de cette installation, qui symbolise la résistance économique du pays à la menace terroriste, sont maintenant plus grandes et ne se limiteront plus à un simple redémarrage de ce train production du fait que le nouveau programme de développement adopté par l'association de ces trois compagnies bat son plein et ses premiers résultats sont déjà visibles. Ce programme prévoit, notamment, la réalisation d'une unité de compression de gaz pour l'augmentation du volume du gaz et produits dérivés (condensat et GPL) ainsi qu'un système de traitement et de récupération des eaux usées et huileuses qui sont actuellement utilisées dans l'irrigation des espaces verts à l'intérieur de la base vie du complexe, indique à l'APS M. Benmaazou. "Aucun déchet industriel provenant du complexe n'est rejeté en l'état dans la nature", assure-t-il, ajoutant que les procédures utilisées en la matière ont valu au complexe de Tiguentourine une certification ISO 14001 relative à la protection de l'environnement. En outre, l'optimisation du volume du gaz produit permettra au site de pouvoir répondre aux sollicitations faites par les autorités locales pour alimenter les deux villes d'Illizi et d'In Amenas en gaz naturel et gaz de ville. Avec la remise en service du troisième train et l'entrée en activité de l'unité de compression de gaz, la production de l'usine devrait atteindre 17,5 millions de m3/jour en plus de 2.000 tonnes/j de condensat et quelque 1.900 tonnes/j de GPL. Un programme portant sur le forage d'une vingtaine de puits dont 15 en hydro fracturation horizontale est prévu pour l'année en cours afin d'atteindre cette projection.
Contribuer à l'amélioration des conditions de vie de la population Ce projet dépassera le volume de production optimale et permettra au complexe d'alimenter les villes d'Illizi et d'In Aménas, assure le patron de la joint-venture, ajoutant que les travaux déjà entamés au niveau du site pour concrétiser cet objectif seront achevés en septembre prochain. Il s'agit d'une connexion sous la forme d'un "T" destinée à acheminer le gaz produit et traité par les installations de Tiguentourine pour alimenter ces deux villes ainsi que la future centrale électrique en construction au chef-lieu de la wilaya. "A travers cette opération, le complexe de Tiguentourine aspire à contribuer aux efforts du développement local et à l'amélioration des conditions de vie de la population", assure le même responsable. D'autre part, dans un souci de rationaliser l'utilisation de l'énergie, les puits sont alimentés en électricité produite par des panneaux solaires. La piste d'atterrissage aménagée à l'extérieur du site est une autre acquisition au complexe gazier lequel est appelé à assurer près du cinquième des exportations algériennes. En effet, quatre (4) vols quotidiens pour des appareils de moyenne et de petites tailles sont programmés au niveau de cette nouvelle infrastructure. Pas loin de l'usine, la base-vie, qui abrite actuellement un peu plus de 1.400 employés entre nationaux et expatriés provenant d'une trentaine de pays a eu, elle aussi, sa part de "métamorphose" avec, outre l'aménagement d'espaces verts, la mise en place de nouveaux équipements sportifs destinés à assurer plus de détente au personnel. Pour rappel, la base-vie de Tiguentourine a été baptisée au nom du martyr Mohamed Amine Lahmar, l'agent de sécurité qui a sacrifié sa vie en donnant l'alerte pour protéger les travailleurs et les installations. Le retour des expatriés se poursuit en fonction de l'avancée des travaux de réhabilitation du site, alors que le dispositif de sécurité de l'installation a été renforcé.
Reprise graduelle La reprise des activités s'est donc faite graduellement depuis deux ans, mais le site n'est toujours pas opérationnel à 100%. Les deux trains de production restés intacts ont été remis en marche assez rapidement après avoir subi les contrôles techniques de rigueur. Saïd Sahnoune a indiqué que "tout a été fait pour que le démarrage du troisième train puisse s'opérer avant la fin de l'année 2014", ce qui ne semble pas encore être le cas. Les compagnies étrangères très tatillonnes sur les aspects sécuritaires sont finalement restées. Début septembre 2014, Sonatrach faisait état du retour de tous les effectifs prévus sur le site. Le groupe Statoil avait également annoncé fin août qu'il était prêt "à reprendre les rotations ordinaires" du personnel qu'il avait rapatrié, en précisant que "toutes les mesures de sécurité définies ont été mises en œuvre".