Les difficiles tractations politiques, parrainées par l'ONU, en vue d'une sortie de crise au Yémen, ont été suspendues jeudi soir et doivent reprendre aujourd'hui, ont indiqué des participants. Les forces politiques yéménites ont suspendu leurs discussions jusqu'à aujourd'hui en l'absence d'un accord jeudi, a déclaré un négociateur. D'autres participants ont indiqué que les discussions piétinaient alors que le pays est sans exécutif depuis deux semaines. Elles avaient réuni jeudi soir à Sanaa des représentants des principales forces politiques autour de l'émissaire de l'ONU au Yémen Jamal Benomar, au lendemain de l'expiration d'un ultimatum fixé par la puissante milice chiite des Houthis à la classe politique pour s'entendre sur une sortie de crise. Les négociations ont été axées notamment sur un projet de Conseil présidentiel de transition pour prendre les rênes du pays déstabilisé par la montée en puissance l'an dernier de la milice chiite, ont indiqué les participants. La crise a été exacerbée par la démission le 22 janvier du gouvernement et du président Abd Rabbo Mansour Hadi, sous la pression des Houthis qui avaient alors pris le contrôle du palais présidentiel à Sanaa et renforcé leur emprise sur la capitale yéménite. Un délégué du parti socialiste, impliqué dans les discussions, a fait état jeudi soir d'un rapprochement entre les forces politiques sur la création d'un Conseil présidentiel. Mais le débat portait encore sur la composition et des prérogatives du Conseil, appelé à former un gouvernement de salut national et à préparer, dans un délai d'un an, des élections législatives et présidentielle, a-t-il précisé. Mercredi soir, une précédente rencontre, qui avait rassemblé pendant quatre heures plusieurs partis politiques non alliés aux Houthis, s'était terminée également sans résultat. Jamal Benomar avait alors indiqué qu'il ne saurait accepter qu'une solution pacifique (...), fruit du dialogue et de la négociation. Selon l'agence officielle Saba, M. Benomar a rencontré mercredi les ambassadeurs des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, de Russie et d'Iran dans le cadre de ses efforts pour trouver une solution à la crise. L'Iran a été accusé dans le passé d'aider les Houthis qui n'ont cessé d'étendre leur influence au Yémen depuis leur entrée le 21 septembre 2014 dans Sanaa, qu'ils contrôlent désormais. Les consultations de mercredi avaient impliqué notamment des représentants du parti islamiste sunnite Al-Islah, du Parti socialiste et d'autres formations des mouvances nationaliste et panarabe. Dimanche, les Houthis avaient donné trois jours aux autres forces politiques pour trouver une sortie de crise, faute de quoi, avaient-ils dit, ils allaient décider de l'avenir de l'Etat avec leurs alliés. Cet ultimatum avait été annoncé au terme d'une réunion à laquelle avait participé le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, mais qui avait été boycotté par les autres formations politiques. Sur le terrain, la tension reste vive dans le pays. Des miliciens houthis armés ont fait irruption jeudi dans les locaux du quotidien indépendant Akhbar Al-Youm à Sanaa où ils retenaient des employés, a indiqué le directeur du journal, Seif al-Hadheri, dont le groupe publie aussi un hebdomadaire. Par ailleurs, quatre policiers ont été tués dans une attaque armée jeudi à Aden, principale ville du Sud, selon une source de sécurité. L'attaque à l'arme automatique et aux obus a été lancée par des hommes armés du Mouvement sudiste, une alliance de groupes séparatistes, contre les policiers en faction sur une place de Mansoura, un quartier d'Aden, a-t-on ajouté de même source. À Shibam, ville du Hadramout (sud-est), un officier de police a été tué par des combattants présumés d'Al-Qaïda qui ont tiré en sa direction depuis la voiture à bord de laquelle ils circulaient, selon une source de sécurité.