Le Conseiller d'Etat de la République populaire de Chine, Yang Jiechi, effectue, depuis hier, une visite en Algérie à la tête d'une importante délégation, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cette visite de deux jours qui intervient moins d'une année après la décision des chefs d'Etat des deux pays de hisser les relations algéro-chinoises au niveau de "partenariat stratégique global", s'inscrit dans le cadre des "consultations régulières entre Alger et Pékin, à un moment où la coopération bilatérale connaît une réelle dynamique, tous secteurs confondus", a précisé la même source. Elle est aussi l'occasion d'examiner les "moyens à mettre en œuvre pour le renforcement de la coopération bilatérale et d'approfondissement du dialogue et de la concertation. De même qu'elle permettra aux deux parties d'échanger sur un large éventail de questions d'intérêt commun". Une visite frappée, forcément, du sceau de l'importance, pour trois raisons au moins : La première raison tient au poids économique de ce pays qui est la seconde puissance économie mondiale et serait, selon les analystes du FMI, en voie de détrôner les USA même s'il est encore classé au sein des pays émergents (BRICs). Le modèle de ce pays qui a su réaliser une transition intelligente d'une économie administrée vers une économie de marché concurrentielle et performante à l'échelle planétaire doit inspirer les managers algériens appelés eux aussi à investir les marchés extérieurs. Pour information, la Chine, qui fait partie des top cinq des pays qui recèlent les plus importantes réserves de gaz non conventionnel au niveau mondial a intégré le gaz de schiste comme une donnée prioritaire dans son 12e plan quinquennal (2011-2015). Pour l'année en cours, ce pays vise à produire 6 milliards de mètres cubes de gaz de schiste et dix fois plus d'ici à 2020. La seconde raison est bilatérale. Elle renvoie à l'accord signé entre les chefs de la diplomatie algérien et chinois, en juin 2013, à l'occasion de la participation de M. Ramtane Lamamra à la 6e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-arabe, à Pékin et portant sur un plan quinquennal de coopération stratégique 2014-2018. Il faut rappeler que le Président Abdelaziz Bouteflika et son homologue chinois Xi Jinping ont, l'année dernière, annoncé conjointement l'établissement d'un partenariat stratégique global entre les deux pays considéré en son temps le premier du genre dans le Monde arabe. Ce partenariat privilégie l'investissement direct chinois dans tous les secteurs prioritaires du plan quinquennal de l'Algérie 2015-2019 qui accorde, comme on le sait, la part belle aux secteurs productifs, aux infrastructures, au tourisme et à l'agriculture. En dix ans, le volume des échanges bilatéraux a fortement augmenté. La Chine s'est hissée, depuis l'année 2013, au rang de premier fournisseur de l'Algérie. Le volume des échanges entre les deux pays avoisine les 10 milliards de dollars. L'Algérie est devenue le premier marché de travail de la Chine en Afrique et dans le Monde arabe. Quelque 50.000 emplois directs et le double indirects ont été créés dans le cadre de la présence d'entreprises chinoises sur le marché algérien. La troisième raison est d'ordre géostratégique. Elle fait référence au statut de ce pays au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Disposant du droit de veto, la Chine qui a, en outre, consenti d'énormes investissements sur le continent africain est, naturellement, concernée par la situation sécuritaire au Sahel, entre autres. Il est, par conséquent, logique que les entretiens de ce conseiller d'Etat ne se réduiront pas uniquement au volet économique mais aborderont, également, "les sujets inhérents au contexte politique régional et international", comme précisé dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien.