L'Union européenne, très dépendante des importations de gaz, qui représentent 60% de sa consommation, doit sécuriser ses approvisionnements, a indiqué l'administrateur délégué du groupe italien Eni, Paolo Scaroni, lors du 20e Congrès mondial de l'énergie ouvert lundi à Rome. A ce titre, le patron d'Eni a relevé "l'importance pour l'Union européenne de construire des relations de coopération avec les exportateurs" d'énergie, à commencer par l'Algérie et la Russie qui, selon lui, demeureront les principaux fournisseurs de l'Union européenne en gaz. Ces deux pays "continueront à être des piliers de notre sécurité énergétique dans un futur proche", a-t-il dit. Selon M. Scaroni, ces relations de coopération vont permettre à l'UE de sécuriser ses approvisionnements. L'Europe a progressivement accru, au cours des vingt-cinq dernières années, sa dépendance envers le gaz et cette politique est difficilement réversible à moyen terme. L'ampleur et le risque de cette dépendance sont subitement apparus en janvier 2006 lors de la crise entre la Russie et l'Ukraine qui a menacé l'approvisionnement en gaz de l'Europe, a rappelé l'administrateur délégué du groupe de pétrole et de gaz, M. Scaroni. L'Algérie, qui assure actuellement environ 15 % des besoins de l'UE en gaz naturel à travers les deux gazoducs en fonction vers l'Italie et l'Espagne ainsi que par la vente d'importantes quantités de GNL, est actuellement en négociations avec l'UE sur un mémorandum d'entente pour un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie. Le message de l'Algérie, dans ce contexte, est clair dans la mesure où elle veut un " accord franc " avec l'UE qui permette à Sonatrach d'investir dans l'UE au même titre que les entreprises européennes. Sa stratégie consiste à " anticiper, créer des réseaux, et être présente " sur les marchés internationaux, a expliqué récemment le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. L'Algérie, qui a supprimé la "clause de destination finale" qui interdisait aux importateurs européens de revendre le gaz algérien à des parties tierces attend qu'en contrepartie l'Europe ouvre son marché à Sonatrach afin qu'elle puisse vendre du gaz en Europe. Cependant, cette ouverture semblait compromise par un projet de loi européen qui empêche les entreprises d'être à la fois exportatrices, transporteuses et distributrices dans l'UE. Bruxelles propose que les groupes énergétiques ne pourront prendre le contrôle de réseaux européens de transport de gaz et d'électricité s'ils sont déjà fournisseurs d'énergie. En outre, les acteurs étrangers ne pourraient pas prendre le contrôle de réseaux de transport sans un accord bilatéral entre l'Union et leur pays. Certains ont vu dans les dispositions du projet de loi européen des clauses visant directement Sonatrach et Gazprom. D'ailleurs, le vice-président de Gazprom, Alexander Medvedev, présent à Rome, a déclaré qu'il était "préoccupé" par les projets de la Commission européenne à cet égard. Outre, l'Algérie qui participe à ce congrès avec une importante délégation de responsables, experts et opérateurs, conduite par le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, le congrès mondial de l'énergie a regroupé plusieurs sociétés et groupes d'énergie mondiaux qui ont soulevé plusieurs problématiques dont "le protectionnisme" de certains pays ou compagnies.