Le directeur général du groupe italien Eni Paolo Scaroni a proposé mercredi, lors d'une conférence énergétique aux Etats-Unis, de fusionner une partie du tracé des gazoducs concurrents Nabucco et South Stream, rapporte le site internet d'Eni. "Si tous les partenaires décident de fusionner une partie du tracé des deux gazoducs, nous pourrons réduire le montant des investissements, le coût des travaux et augmenter les recettes. Les pipelines relieront les plus grands consommateurs de gaz européens et les grands furnisseurs", a indiqué M.Scaroni. Ces deux projets "nécessitent de gros investissements (...) Si tous les partenaires décidaient de fusionner les deux gazoducs sur une partie du tracé, nous pourrions réduire les investissements, les coûts opérationnels et augmenter le retour global" sur investissement, a déclaré Paolo Scaroni, sans donner plus de détails. Le directeur général d'ENI s'exprimait lors de la conférence CeraWeek consacrée à l'énergie, à Houston (sud des Etats-Unis). ENI et le groupe russe Gazprom sont les promoteurs du projet de gazoduc South Stream, qui doit acheminer du gaz de Russie vers l'Europe via la mer Noire, en contournant l'Ukraine. Le gazoduc South Stream, reliera la ville russe de Novorossiisk à la ville bulgare de Varna sous la mer Noire, avant de se diviser en deux ramifications qui traverseront les Balkans pour aboutir en Italie et en Autriche. Sa capacité est estimée à 63 milliards de m⊃3; de gaz par an. Le projet Nabucco (plus long et plus onéreux) servira à acheminer le gaz naturel de la mer Caspienne vers l'Europe en contournant la Russie. D'une capacité de 31 milliards de m⊃3; de gaz par an, le pipeline passera par l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et l'Autriche. Nabucco, soutenu par l'Union européenne, doit acheminer de son côté du gaz de la Caspienne vers l'Europe en évitant la Russie, afin de réduire la dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe importé à travers l'Ukraine. "Ces deux gazoducs (...) sont complémentaires", a insisté M. Scaroni, défendant la Russie qui est un "fournisseur fiable" de l'Europe depuis "plus de quatre décennies". La semaine dernière, le Commissaire européen à l'Energie Günther Oettinger avait estimé que Nabucco restait la priorité pour l'UE mais que les 27 pourraient également soutenir, sous conditions, South Stream. Le "vrai problème n'est pas la dépendance de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie" mais la nécessité de "bâtir une infrastructure européenne de gazoducs" afin que les différents pays soient bien connectés et éviter ainsi tout problème d'approvisionnement, a estimé M. Scaroni. "Nous aurions pu passer l'hiver 2008-2009 sans gaz russe si l'Europe avait été bien interconnectée", a-t-il assuré. Selon le directeur général d'ENI, l'Europe doit s'attaquer à ce problème car les inquiétudes à propos de l'approvisionnement en gaz pourraient bientôt réapparaître, de nombreux investissements ayant été arrêtés ou repoussés à cause de la crise.