Les cours du pétrole montaient mardi en Asie sous l'effet de la baisse du nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis et les commentaires du ministre du Pétrole du Koweït. Au lendemain d'un jour férié aux Etats-Unis, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars s'appréciait de 27 cents dans les échanges électroniques, à 53,05 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril prenait 56 cents, à 61,96 dollars. Les cours du pétrole se sont émiettés depuis juin 2014 en raison d'une surabondance de l'offre et d'une demande atone dans une conjoncture macroéconomique difficile, atteignant des plus bas historiques autour de 50 dollars le baril. Mais ces dernières semaines le marché a placé ses espoirs dans une réduction de la croissance de la production américaine. Celle-ci a atteint la semaine dernière de nouveaux records depuis au moins 1983, mais la baisse du nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis laisse entrevoir un resserrement production/stocks/consommation salutaire pour les cours. Selon le décompte publié vendredi par le groupe parapétrolier Baker Hughes, très attendu des opérateurs de marché ces dernières semaines, il y avait 84 plateformes en activité de moins la semaine dernière aux Etats-Unis, portant le nombre total d'unités en fonction à 1 056. Le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omair, s'est fait l'écho de ces attentes en estimant lundi que le prix du pétrole s'était amélioré plus rapidement que prévu. "Je pense que l'amélioration va durer. Les prix commencent à se consolider et on espère de meilleurs prix au deuxième semestre de 2015", a-t-il dit lors d'une conférence sur le pétrole et l'environnement. L'annonce de la baisse des investissements dans le secteur pétrolier mondial continuait également de soutenir les cours du pétrole. Côté demande, le marché continue de suivre la reprise économique encore trop faible dans la zone euro et les négociations entre Bruxelles et Athènes sur la dette grecque. La zone euro a lancé lundi un ultimatum à la Grèce pour accepter d'ici vendredi l'extension de son programme de redressement, le ministre grec se disant lui malgré tout confiant sur la possibilité de trouver un accord sous 48 heures. Le prochain rendez-vous est fixé à mardi matin, avec une réunion des ministres des Finances de l'ensemble de l'Union européenne, prévue de longue date mais où la Grèce risque une nouvelle fois d'être au centre des discussions. "Si aucun accord n'est trouvé, une autre réunion d'urgence pourrait se tenir jeudi", avance le cabinet londonien Capital Economics. La veille, les cours du pétrole continuaient de se stabiliser lundi en fin d'échanges européens, dans un marché aidé par la baisse du nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis, les commentaires du ministre du Pétrole du Koweït et des attaques en Libye. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 61,84 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 32 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars grignotait 26 cents à 53,04 dollars. Les cours du pétrole restaient stables dans un marché calme, la plateforme physique d'échange Nymex étant fermée lundi à cause d'un jour férié aux Etats-Unis. Pour les analystes de Commerzbank, les attentes d'un énorme ralentissement de la production américaine étaient clairement responsables de cet impressionnant rebond des cours. Ces espoirs d'une diminution de la croissance de la production américaine, qui a atteint la semaine dernière de nouveaux records depuis au moins 1983, étaient soutenus par la baisse du nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis. D'autres facteurs ont également contribué à soutenir les cours. Ainsi la baisse potentielle de l'offre Libyenne (...) et les commentaires positifs du ministre du Koweït ont aidé lundi, commentait Jasper Lawler de CMC Markets. Par ailleurs, de nouvelles attaques en Libye pourraient se traduire par une nouvelle réduction de la production du pays, qui serait positivement accueillie dans un marché plombé par la surabondance d'offre. Des hommes armés ont pris d'assaut vendredi un site pétrolier du centre libyen géré par une compagnie publique, provoquant de graves dégâts aux installations mais sans faire de victime, selon les gardes des installations pétrolières. Enfin, l'annonce de la baisse des investissements dans le secteur pétrolier mondial continuait également de soutenir les cours du pétrole. En effet, depuis la fin du mois dernier, les géants pétroliers, comme Chevron, Total, BP et Royal Dutch Shell, ont annoncé tour à tour des diminutions de leurs budgets d'investissement et d'exploration, ce que certains opérateurs voient comme un signe annonciateur d'un nouveau déficit d'offre sur le marché. Mais pour Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque, ces réductions budgétaires n'auront pas d'impact sur l'offre avant plusieurs mois. C'est surtout à moyen et à long terme que la baisse des investissements décidée par plusieurs compagnies pétrolières de premier plan pourrait avoir une influence à la hausse significative sur les cours. Cela ne pourrait être réellement perceptible que d'ici plusieurs semestres, notait M. Dembik. De plus, pour l'analyste, la reprise économique demeure encore trop faible, notamment en zone euro, pour créer l'électrochoc sur ce marché souhaité par de nombreux pays exportateurs de pétrole.