Le groupe nucléaire français Areva a annoncé qu'il visait un retour aux bénéfices dès cette année, après avoir quasiment effacé l'an dernier les pertes historiques essuyées en 2011 dans le sillage de la catastrophe de Fukushima et de dépréciations très importantes. Areva a ramené sa perte nette à 99 millions d'euros seulement l'an dernier, contre un trou de 2,5 milliards l'exercice précédent, et a en outre engrangé un bénéfice opérationnel de 118 millions d'euros, contre une perte correspondante de 1,87 milliard un an plus tôt, a détaillé le groupe public dans un communiqué. Pour le président du groupe Luc Oursel, cela montre les premiers résultats du plan de redressement post-Fukushima Action 2016. Nous tenons le cap de notre redressement et construisons la base de notre développement, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse. Areva est en avance dans l'exécution de son plan de redressement, a-t-il également estimé. L'objectif de réduction de coûts d'un milliard d'euros à l'horizon 2015 est déjà sécurisé à 80% selon lui. Le groupe a en outre, comme déjà annoncé, atteint avec plus d'un an d'avance son objectif de céder au moins 1,2 milliard d'euros d'actifs en 2012 et 2013, ce qui a permis de maintenir l'endettement sous la barre des 4 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires, déjà connu, a progressé de 5,3% à 9,3 milliards, tandis que le carnet de commandes s'est stabilisé (-0,4% à 45,4 milliards). L'excédent brut d'exploitation s'est également nettement redressé et le cash-flow opérationnel libre, qui est un des indicateurs de redressement préférés du groupe, s'est fortement amélioré, tout en restant négatif, passant de -1,37 milliard d'euros à -854 millions. Parmi les ombres au tableau, le groupe a passé dans ses comptes du deuxième semestre une provision complémentaire de 100 millions d'euros liée aux surcoûts et retards du chantier de l'EPR finlandais d'Olkiluoto (portant les charges liées à ce projet à 400 millions d'euros sur l'année). Il a en outre passé une charge de 165 millions liée à un contrat de modernisation d'un réacteur, qu'il avait déjà évoquée mais non encore chiffrée. A cela s'ajoute 165 millions d'euros de dépréciations supplémentaires déjà annoncées dans des mines africaines d'uranium, et 143 millions de pertes de valeur liées au gel ou au décalage de projets dans l'enrichissement d'uranium qui avaient décidés dans le sillage de Fukushima. Dans la foulée, le groupe a confirmé ses perspectives financières pour 2013 et au-delà, dont un retour à l'équilibre de son cash-flow opérationnel libre dès cette année. Cela devrait permettre d'autofinancer à 100% les investissements cette année. Des dividendes l'an prochain ? En outre, Areva table également sur un retour aux bénéfices au niveau de son résultat net part du groupe cette année, a indiqué son directeur financier, Pierre Aubouin. C'est bien sûr notre hypothèse, a-t-il déclaré lors d'un point presse. Le groupe pourrait ainsi recommencer à payer des dividendes l'an prochain, alors qu'il n'en a versé aucun depuis mi-2010. M. Oursel, a également réaffirmé l'objectif de 10 prises de commandes d'EPR d'ici fin 2016, malgré une concurrence très vigoureuse des Russes et des Japonais. Les investissements du groupe, qui ont atteint un pic de 2,1 milliards l'an dernier, devraient quant à eux descendre autour de 1,7 milliard cette année, le groupe tablant toujours sur une moyenne de 1,9 milliard par an en 2012-2013. Ces investissements se concentreront sur quelques grands projets, dont la poursuite de la montée en puissance de la nouvelle usine d'enrichissement d'uranium George Besse II, sur le site de Tricastin (à cheval sur la Drôme et l'Ardèche), et Comurhex II, un nouveau site de conversion de minerai d'uranium (une des étapes de la transformation en combustible nucléaire) dans la Drôme. Enfin, les effectifs du groupe ont été ramenés de 47 500 à 46 500 personnes sur l'exercice, en raison de suppressions de postes à l'étranger et d'un gel des embauches dans les fonctions non opérationnelles. Il a néanmoins effectué plus de 1 000 recrutements sur des postes opérationnels l'an dernier, a souligné M. Oursel. En outre, Areva va lancer cette année un plan d'actionnariat salarié, portant sur 1,2% du capital auto-détenu par le groupe.