Areva doit se doter demain d'une nouvelle équipe dirigeante qui aura pour mission de redresser le groupe nucléaire public en difficulté, à l'issue d'une assemblée générale des actionnaires appelée à entériner sa transformation en société à conseil d'administration. Philippe Knoche, l'actuel numéro deux, est en passe de devenir directeur général d'Areva, c'est-à-dire le patron opérationnel, alors qu'il assure déjà de manière transitoire les responsabilités du président du directoire Luc Oursel, décédé le 3 décembre des suites d'une maladie. L'ex-patron du groupe automobile PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, doit lui présider le nouveau conseil d'administration, après avoir été appelé en novembre au chevet du spécialiste de l'atome par l'Etat, actionnaire à près de 87% (directement et indirectement). Leur nomination sera décidée lors d'une réunion du nouveau conseil, qui devrait se tenir dans la foulée de l'assemblée générale si celle-ci valide comme attendu et avec effet immédiat, l'évolution de la gouvernance. Cette transformation est souhaitée par l'Etat, désireux d'accroître le contrôle des actionnaires sur les décisions stratégiques. Areva avait été critiqué au printemps 2014 dans un pré-rapport de la Cour des comptes qui s'était penchée sur la gestion de son ex-patronne, Anne Lauvergeon. "Cette évolution permettra de s'aligner sur les meilleures pratiques en vigueur en France, d'accélérer la mise en œuvre de la stratégie du groupe et d'accroître la responsabilité des membres du conseil d'administration", explique dans l'avis de convocation le président de l'actuel conseil de surveillance, Pierre Blayau, que l'Etat n'a pas souhaité reconduire.
Plan de performance Confronté à des difficultés persistantes sur le marché du nucléaire, Areva veut présenter en février un plan de performance à moyen terme, qui passe par un renforcement de sa compétitivité et de sa structure financière, même si le groupe assure ne pas avoir immédiatement de problèmes de trésorerie. Le 18 novembre, Areva avait annoncé renoncer à l'un de ses principaux objectifs financiers pour 2014 et avait suspendu l'ensemble de ses perspectives financières pour les deux années suivantes, ce qui lui avait valu d'être relégué en catégorie spéculative par l'agence de notation Standard and Poor's. Le groupe, qui a essuyé une perte nette de 694 millions d'euros au premier semestre, souffre du retard du chantier du réacteur EPR en Finlande et du décalage dans le redémarrage de centrales nucléaires au Japon, mais aussi de l'atonie du marché des services aux installations existantes. Areva pourrait également opérer un rapprochement avec le géant français de l'électricité EDF, dont Philippe Varin est récemment devenu administrateur. Si les syndicats voient de possibles conflits d'intérêts dans cette double casquette, ce mouvement marque surtout la volonté de l'Etat de rapprocher les deux groupes pour assurer la cohérence de la filière nucléaire française, fragilisée par les problèmes opérationnels et financiers du spécialiste de l'atome. Outre celles de MM. Varin et Knoche, la nomination de six autres administrateurs pour une durée de quatre ans sera soumise au vote des actionnaires. Le conseil d'administration comptera en tout 12 membres, dont trois représentants des salariés et un représentant de l'Etat.