La cherté de l'aliment du bétail et du fourrage constitue une entrave pour le développement de l'élevage bovin et la production laitière, ont déploré, avant-hier à Tizi Ouzou, des agriculteurs activant dans cette filière. "La cherté de l'aliment du bétail et du fourrage demeure l'un des principaux freins au développement de leur activité", ont estimé, à l'unanimité, des intervenants lors d'une rencontre organisée par la Fédération locale des éleveurs bovins (viande et lait), à la maison de la Culture Mouloud Mammeri, en présence de nombreux agriculteurs de Tizi-Ouzou et des wilayas limitrophes, et du directeur chargé de l'appui aux élevages et à la production laitière au niveau de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Selon Rabah Ouguemat, président de la fédération locale des éleveurs bovins, "les prix trop élevés de l'aliment du bétail n'encouragent pas le développement et la promotion de l'élevage bovin, et donc de la production de lait et de viandes rouges, dont le prix demeure élevé en raison de cette situation". "Souvent endettés, les éleveurs se débattent dans des soucis financiers qui les empêchent d'envisager d'agrandir leur cheptel, acquis, pour la majorité d'entre eux, dans le cadre des dispositifs d'aide à la création d'emplois, pour augmenter la production", a-t-il regretté. De son côté, Yazid Sadaoui, éleveur de la région de Bouzguène, a expliqué à la presse que l'aliment du bétail (mélange énergétique et protéique de céréales, destiné à l'alimentation de la vache laitière et du jeune bovin) coûte 4.000 DA le quintal, une botte de foin est cédée à 1.600 DA, et une botte de paille "jadis utilisée comme litière et aujourd'hui pour nourrir des vaches laitières", déplore-t-il, coûte 1.000 DA. Quant aux fourrages verts, qui tiennent une place prépondérante dans l'alimentation des bovins et notamment de vaches laitières, ils sont quasiment inexistants, a-t-il affirmé. Les éleveurs de bovins et les producteurs de lait présents à cette rencontre, ont souligné leur détermination à "défendre leur activité qui demeure leur gagne-pain et qui représente un savoir-faire local qu'il faudra préserver". Ils ont également déclaré qu'ils étaient convaincus que la politique nationale de développement des économies hors-hydrocarbures "ne saurait ignorer la filière agricole, qui doit constituer le pilier central de cette démarche", précisant que le développement et la promotion de l'agriculture dans le cadre d'une politique encourageant la production nationale, permettraient à l'Algérie de réduire sa facture d'importation des produits alimentaires dont celle de la poudre de lait.
Tout pour l'augmentation de la production des fourrages De son côté, le directeur chargé de l'appui aux élevages et à la production laitière au niveau de l'Office national interprofessionnel de lait (ONIL), a souligné que l'augmentation de la production des fourrages est tributaire du développement de l'irrigation. Selon Djamel Nekab, l'agriculture nationale est encore très dépendante des conditions climatiques. "Nous avons une agriculture pluviale et nous subissons les caprices du climat", a-t-il relevé. Des efforts ont été consentis par l'Etat pour augmenter la superficie irriguée, a-t-il souligné, ajoutant qu'il "faudrait absolument produire des fourrages en ayant recours à l'irrigation pour faire face aux aléas du climat". "Cette année, et grâce aux fortes précipitations enregistrées, il y aura moins de problèmes et plus de production laitière", a prévu M. Nekab. "J'espère que nous pourrions tempérer un tant soit peu l'importation de la poudre de lait dont les prix sont en hausse sur le marché international et risquent de grever davantage les ressources du Trésor public", a-t-il ajouté. S'agissant du développement de la production de lait cru au niveau national, le responsable a indiqué que les efforts consentis par l'Etat pour développer la filière lait, ont "porté leurs fruits", car il y a des "résultats probants" qui se traduisent par l'augmentation de la production laitière nationale. Toutefois, a-t-il observé, "la sècheresse handicape énormément cette démarche et engendre des surcoûts au niveau de l'alimentation du cheptel, ce qui grève le budget des éleveurs qui se retrouvent dans des situations délicates". Concernant la wilaya de Tizi-Ouzou, en tête de classement au niveau national, en termes de production et de collecte de lait cru, ce représentant de l'ONIL a salué les efforts, le courage et la ténacité des éleveurs qui "continuent à maintenir cette activité de production laitière, dans un contexte difficile, et dans une région qui présente un véritable handicap de par son relief montagneux". A propos des problèmes soulevés lors de la rencontre des éleveurs, il a précisé que l'installation prochaine du Conseil national interprofessionnel de la filière lait, offrira un cadre pour discuter de ces problèmes en vue de dégager des solutions pour développer la production laitière et aboutir à la substitution progressive du lait produit à partir de la poudre importée par du lait cru de production nationale. "Le maintien de cette activité et la présence de jeunes éleveurs dans cette filière sont un gage d'avenir et de stabilité sociale, mais aussi de maintien d'une activité essentielle, ancrée dans les traditions de la région (Tizi-Ouzou)", a relevé M. Nekab.