Tout accord avec l'Iran sur son programme nucléaire doit être en mesure de recevoir l'approbation de la communauté internationale, a assuré mercredi le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, après trois jours de négociations difficiles avec les Iraniens. L'objectif n'est pas d'obtenir n'importe quel accord, c'est d'obtenir le bon accord, capable de résister à un examen minutieux par la communauté internationale, a déclaré à la presse M. Kerry au terme de trois jours de discussions à Montreux en Suisse avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. Depuis le début, ces négociations sont difficiles et intenses, c'est toujours le cas mais nous avons accompli des progrès et des choix importants doivent être faits, selon M. Kerry. Il prévoit pour un tel accord un examen par des experts partout dans le monde, un examen par les autres gouvernements, un examen par le Congrès des Etats-Unis, un examen par les pays de la région qui sont concernés. Pour sa part M. Zarif, cité par l'agence de presse iranienne Isna, a invité les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis, à choisir entre un accord nucléaire et la poursuite des sanctions. Si l'Occident veut vraiment un accord sur le programme nucléaire de l'Iran, il n'y a pas besoin de continuer les sanctions, a-t-il estimé tout en se montrant optimiste car, selon lui, malgré l'existence de différences, il n'y a pas beaucoup de chemin jusqu'à un accord final. Auparavant, il a fait état à télévision iranienne de progrès sur l'usine d'enrichissement de Fordo, deuxième plus grand site d'enrichissement d'uranium de l'Iran, et sur la recherche et le développement dans le domaine nucléaire.
Réponse à Netanyahu Nous n'allons pas être distraits par des facteurs externes et politiques, nous allons continuer à être guidés par nos experts, nos scientifiques, nos intérêts nationaux et ceux de nos partenaires et alliés, a également indiqué M. Zarif dans une sorte de réponse aux critiques exprimées mardi à Washington par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. En ce qui concerne toutes les objections que des pays ont quant aux activités iraniennes dans la région (...) le premier pas consiste à empêcher l'Iran de parvenir à une arme nucléaire. Sans accord, l'Iran aura la capacité d'aller de l'avant avec son programme nucléaire, nous en sommes sûrs, a ajouté M. Kerry, qui s'est ensuite rendu en Arabie saoudite. A Riyad, il rencontrera les chefs de la diplomatie des pays du Conseil de Coopération du Golfe ainsi que le nouveau roi saoudien Salman pour les rassurer. Car le rapprochement entre Washington et Téhéran, après plus de 30 ans de confrontation, inquiète Israël mais aussi les alliés des Américains dans le Golfe, qui craignent l'expansionnisme iranien. A Washington, la porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf, a tenu à rassurer: " Nous ne lions pas (...) la réussite d'un accord nucléaire à un réchauffement plus large des relations parce qu'un rapprochement laisserait penser à un réchauffement des liens qui ferait fi des graves inquiétudes que nous avons sur les droits de l'Homme, le terrorisme, la Syrie, le Hezbollah. " Samedi, M. Kerry est attendu à Paris pour y rencontrer ses homologues britannique, français et allemand. Les prochains entretiens bilatéraux entre Américains et Iraniens auront lieu le 15 mars, probablement à Genève.
Echéances fin mars et fin juin Ces pourparlers doivent déboucher sur un règlement politique d'ici au 31 mars, puis à un texte technique complet d'ici au 30 juin/1er juillet, garantissant la nature pacifique et uniquement civile du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales. Les directeurs politiques des grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) et de la République islamique se retrouvent, eux, jeudi à Montreux pour faire le point sur ces trois jours de négociations. Alors que Benjamin Netanyahu répétait dans un discours mardi devant le Congrès à Washington, qu'un accord avec l'Iran ne l'empêchera pas de produire des bombes atomiques, le président américain, Barack Obama, en froid avec lui, a jugé que ce discours n'offrait aucune alternative viable. Pour le président iranien, Hassan Rouhani, cité par l'agence Irna, le régime israélien qui est lui-même le plus criminel et (...) terroriste prétend parler de paix et de dangers futurs alors qu'il est lui-même la source du principal danger pour la région. La menace du groupe Etat islamique (EI) a compliqué la donne au Moyen-Orient, l'Iran chiite jouant un rôle de plus en plus important dans la lutte contre ces extrémistes sunnites. Le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, a reconnu mardi que l'aide de l'Iran à l'offensive irakienne en cours pour reprendre Tikrit pourrait être positive, si la situation ne dégénère pas en tensions interconfessionnelles avec les sunnites.
Rassurer les monarchies du Golfe sur l'Iran John Kerry a rencontré jeudi le roi d'Arabie saoudite et les chefs de la diplomatie des monarchies du Golfe pour les informer de l'avancée des négociations sur le programme nucléaire iranien. Il a tenté de les rassurer sur le fait qu'un éventuel accord n'irait pas à l'encontre de leurs intérêts. Le chef de la diplomatie américaine est arrivé à Riyad après trois jours de discussions avec son homologue iranien Mohammad Jawad Zarif à Montreux. Il avait fait état de "progrès", sans percée décisive. L'Iran et l'Arabie saoudite, en particulier, sont déjà en conflit par procuration en Syrie, en Irak, au Bahreïn, au Liban et au Yémen. Le gouvernement irakien, qui est proche de l'Iran, s'est dit confiant sur l'issue des négociations.