C'est en principe aujourd'hui que devrait avoir lieu, l'étape finale, pour une solution globale à long terme sur le nucléaire iranien entre les 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume Uni et Allemagne), et l'Iran.
La date butoir fixée pour la mise en œuvre de ce qui a été décidé il y a un an entre ces partenaires. Donc tout se joue aujourd'hui à Vienne pour mettre un terme à ce bras de fer entre l'Iran et les grandes puissances. A ce propos, les médias iraniens ont annoncé samedi que les 5+1 et l'Iran ont enregistré un "accord cadre" lors des négociations sur le nucléaire iranien à Vienne. La capitale autrichienne accueille les négociations visant à régler le problème nucléaire iranien. Déjà des rencontres tripartites se sont déroulées entre le Secrétaire d'Etat américain John Kerry, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif et la coordinatrice des Six Catherine Ashton. Le ministre iranien des Affaires étrangères et chef de la délégation négociatrice iranienne à Vienne, s'est dit assuré de pouvoir parvenir à un accord nucléaire. Javad Zarif l'a rappelé, samedi après-midi, à l'issue des pourparlers avec ses homologues américains et européens. Optimiste, quant aux négociations de Vienne, le chef de la diplomatie iranienne a déclaré: "Je crois toujours qu'il est possible de parvenir à un accord nucléaire global. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank- Walter Steinmeir a affirmé qu'un climat constructif est en cours, dans les négociations, et qu'un accord nucléaire Iran/5+1 s'avère possible. Par ailleurs, selon une source proche et bien informée, la délégation chinoise a discuté avec le responsable de Pékin du déplacement, lundi, à Vienne, du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, pour participer aux négociations avec l'Iran. De même, l'agence Itartas a annoncé, citant une source proche des négociations, que le document final de l'accord Iran/ 5+1 est, pratiquement, prêt, et que la décision doit être prise au plus haut niveau politique. Samedi et dimanche, les commentaires et les analyses sur ces négociations se sont multipliés. Tout le monde est d'accord pour dire que les grandes puissances sont obligées aujourd'hui de reconsidérer leurs positions belliqueuses d'autant plus que leur protégé finalement Israël s'appuyant sur les positions occidentales pousse son analogie sur cette question. Le monde est troublé, les Iraniens doivent au moins bénéficier du nucléaire civil. On indique à ce sujet que c'est une avancée parce que à demi-mot, auparavant l'Occident ne voulait pas vraiment que l'Iran puisse bénéficier de cela. Dans le même sillage, on pense que l'Iran a bien le droit. Mais, il faut faire très attention parce que cela peut-être "une ruse" qui appelle à savoir lire entre les lignes. "il faut donc un accord qui ne lèse pas surtout l'Iran". Téhéran doit rester vigilant, "La diplomatie de la ruse et connue. On peut signer un accord mais il faut voir tous ses contours, et se méfier surtout des interprétations". Justement sur cette question on rappelle comment la France et ses alliés occidentaux et des monarchies du Golfe ont violé la résolution de l'ONU sur la solution de la crise libyenne. Le Pouvoir en place à Tripoli a été bombardé. Aussi, les spécialistes avertissent que cet accord Iran/5+1 ne soit assorti de clauses floues. C'est dire combien les responsables iraniens soient très vigilants, "très méfiants à ce qui pourrait advenir avec ces puissances". Dans ce cadre, les appréciations sont unanimes à dire que l'Iran est sûr de sa "force", ses "preuves" sur ces gros mensonges de fabrication de bombe atomique etc. Tout porte à croire que les prémices de l'amélioration des relations entre Téhéran et Washington relevés à travers la lettre transmise à la mi-octobre par le président Obama au Guide suprême iranien, l'ayotallah Ali Khamenei, pèsera de son poids sur ces négociations. Obama a souhaité dans sa missive au Guide iranien de voir l'Iran rejoindre la lutte contre Dae'ch. La missive décrit "un intérêt commun dans la lutte contre les terroristes de Dae'ch en Irak et en Syrie". Elle mentionne également que toute coopération avec Téhéran dans la lutte contre l'EI dépendrait de la signature d'un accord global sur le nucléaire. Doit-on s'attendre au développement d'une situation géopolitique au Moyen-Orient ? Pour peu qu'on arrive à cet accord global sur le nucléaire qui ne lèse en rien l'Iran. Les raisons d'une telle approche entre l'Iran et les Etats-Unis sont nombreuses et dépassent la nécessité d'une "lutte commune" contre le terrorisme. tant les Etats-Unis sont en manque d'alliés solides dans la région, en dehors d'Israël et des monarchies du Golfe. Du côté de Téhéran, le président Hassan Rouhani, depuis son élection ne cesse de rassurer la communauté internationale par des déclarations apaisantes. En effet, pour la première fois de l'histoire de la République islamique, les organes au pouvoir sont sur la même longueur d'ondes. Et pour preuve, la situation régionale et l'état économique du pays ont profondément changé. Aujourd'hui, le pouvoir iranien se sent de plus en plus assiégé par l'islamo-fascisme sunnite qui le prend pour cible aussi bien en Syrie et en Irak et partout ailleurs au Moyen-Orient où une communauté chiite est présente. les ayatollahs n'ont pas le choix aujourd'hui: la pression des sanctions américaines et européennes ont dévasté l'infrastructure industrielle du pays et dévalué sa monnaie de presque 100 %. Ce réalisme des dirigeants iraniens fait croire à tous les spécialistes qu'ils ne rateront pas cette opportunité pour sortir de l'engrenage du nucléaire et mettre un terme aux sanctions internationales. Il en va de la paix sociale dans ce pays et dont la pérennité de la République islamique. Ce rapprochement est donc nécessaire et utile pour les deux pays. Alors que l'économie iranienne souffre des sanctions imposées, les Etats-Unis veulent selon nombre de vérités réduire leur présence au Moyen-Orient pour deux raisons. Premièrement, ils veulent avec leurs moyens de pouvoir et leurs forces navales dans le Pacifique occidental, "renforcer l'aide à leurs alliés pour le contrôle de la Chine et de la Russie et ainsi tenir en respect leurs nouveaux rivaux dans la région. Deuxièmement, en raison de leur faiblesse économique et financière ils doivent de toute urgence réduire leurs moyens militaires. "Les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre la présence simultanée dans deux régions. Le rapprochement avec l'Iran se passe donc au bon moment et a, ces derniers temps, également été favorisé par l'administration Obama". Quelles pourraient être les conséquences et l'impact d'un rapprochement entre l'Iran et les USA? "Tout d'abord, la Maison Blanche devra réduire progressivement les sanctions et l'embargo à l'égard de l'économie iranienne. Avec cette réduction, le début des relations diplomatiques directes devrait aller de pair". A moyen terme, Téhéran devra soumettre son programme nucléaire à la surveillance étroite de l'AIEA. En échange, les Etats-Unis et la communauté internationale accepteront l'utilisation civile de l'énergie nucléaire par l'Iran. Et peut-être à moyen terme, Washington lâchera progressivement les monarchies du Golfe, l'Arabie saoudite en premier pour s'ouvrir directement à une hégémonie de l'Iran dans le golfe Persique et au Moyen-Orient au moyen de la lutte contre le terrorisme mais aussi en tant que puissance économique reconnue. Cela laisse à penser que Washington, au vu de l'échec patent de sa politique au Moyen-Orient, misera sur une reconfiguration géopolitique, sur une nouvelle sphère d'influence géopolitique sus la houlette de l'Iran notamment en Irak, en Syrie et même au Liban et en Afghanistan. Pour toutes ces raisons, l'éventuel axe Téhéran-Washington serait probablement un rempart et une lutte contre l'influence salafiste-sunnite dans la région, toujours agrémentée par les monarchies du Golfe, plus singulièrement l'Arabie saoudite. Mais face à cet événement majeur de l'équilibre au Proche et Moyen-Orient, les monarchies du Conseil de coopération des Etats arabe du Golfe (CCG) révèlent chaque jour leur manque d'unité, qui aujourd'hui isole l'Arabie saoudite dans son jusqu'au-boutisme anti-irakien. L'Arabie saoudite a été prise de court par ce rapprochement entre les Américains et les Iraniens sur la lutte contre Dae'ch et sur le nucléaire, comme elle l'a été en 2011 par le "printemps arabe". L'élection de Hassan Rouhani à la tête de la République islamique d'Iran a ouvert la voie à la fin de plus de trente ans d'endiguement de l'Iran. Cet effort de développement d'une nouvelle stratégie géopolitique dans la région, s'il est mené à son terme, est de nature à annihiler les résultats des complots provoqués par la monarchie saoudienne depuis le renversement du shah d'Iran en 1979 pour acquérir une place régionale dominante. Cette place régionale dominante semble aujourd'hui être à la portée de l'Iran qui devra désormais compté sur le soutien de l'Irak et de la Syrie, voire même du Liban. C'est dire qu'on est face à la naissance du pôle soudé qui frustrera plus que jamais l'Arabie saoudite. C'est dans ce contexte de frustrations saoudiennes cumulées qu'est intervenu l'accord intérimaire sur le nucléaire iranien et peut-être global à partir d'aujourd'hui avec les résultats des négociations de Vienne. Il est ressenti par la monarchie saoudienne et son allié Israël comme un ultime coup de poignard dans le dos. "Ce coup est rendu encore plus douloureux par l'accueil conciliateur qui lui est fait par les autres capitales du CCG. Toutes, toujours à l'exception de Bahrein, voient plutôt l'intérêt de la perspective future de l'intensification des échanges avec l'Iran, que ce soit en termes de stabilisation du Golfe, d'abaissement de l'hégémonisme de leur grand frère saoudien, ou en termes économiques". C'est tout à fait logique de penser que la vraie victime de cette réorientation géopolitique en phase sera l'Arabie saoudite mais aussi Israël au cas où il ne suivra pas les consignes que lui dictera le Pentagone. L'avenir du royaume, qui jusqu'à présent soutient très activement les extrémistes sunnites et salafistes dans le monde, semble être remis en cause. Et pour preuve, le prince, Walid Ben Talal, a reconnu tout récemment l'implication de la monarchie wahabite et d'un certain nombre de dirigeants du golfe Persique, dans la création du groupe terroriste takfiriste Dae'ch (Etat islamique, EI), à travers le soutien et le financement fourni à tous les groupuscules terroristes, en Syrie, depuis le début de la crise, dans ce pays. Quant à Israël, les informations concordantes qui circulent soulignent que les Etats-Unis continueront à garantir la sécurité de l'Etat juif, mais "sans vouloir se soumettre aux caprices des gouvernements respectifs à Jérusalem. Le temps, où les Etats-Unis étaient géopolitiquement des otages d'Israël au Moyen-Orient semble être terminé.