Demain, la reprise du processus de négociations sur l nucléaire irakin sera confiée aux experts et aux directeurs politiques, en l'absence de Kerry attendu à Ryad pour une visite de clarification et de consolidation d'une alliance mise à mal par l'éventualité d'un retour en force de l'Iran sur la scène régionale. Il se rendra, ensuite, à Paris pour discuter avec ses homologues britannique, français et allemand, avant le retour « probablement à Genève » pour des pourparlers irano-américains prévus le 15 mars. Le compromis sur le nucléaire iranien approche à grands pas, a expliqué le New York Times qui le considère comme « un événement historique dans les relations américano-iraniennes ». Telle est également la perception de la chef de la diplomatie européenne, Frederica Mogherini, estimant que l'on « approche » du dénouement de la crise et mettant en garde tous ceux qui répandent « l'inquiétude » dans une allusion à peine voilée au Premier ministre israélien se prêtant, à son corps défendant, au jeu des rivalités républicaines et démocrates. Sur la sellette, Benyamin Netanyahu, soucieux d'engranger les dividendes politiques dans la perspective des législatives du 17 mars, a superbement ignoré la Maison Blanche pour s'attaquer à ce qu'il qualifie de « très mauvais accord » coupable, selon lui, de « deux concessions majeures ». Le Premier ministre israélien a déclaré que « la première est de laisser l'Iran avec un vaste programme nucléaire. La seconde est de lever les restrictions sur ce programme dans environ dix ans ». Mais, aux yeux des observateurs, la bravade israélienne a déteint sur les relations israélo-américaines au creux de la vague. La riposte d'Obama à la pure rhétorique, égrenant les 40 minutes du discours de Netanyahu prononcé au Congrès, vante le mériet du « meilleur accord possible » qui reste aléatoire pour le président américain et la partie iranienne jugeant « inacceptables » les conditionnalités américaines sur le gel du programme nucléaire pendant plus de 10 ans. Face à l'absence d'une « alternative viable » de Netanyahu, Washington se veut rassurant sur le refus de toute tentative iranienne d'étendre son influence dans la région, y compris dans le cas de la conclusion d'un accord. L'enjeu de Montreux vise essentiellement à favoriser le processus de normalisation et ce rapprochement avec une puissance régionale devenue incontournable dans la stratégie de lutte contre Daech et défiant la toute puissance de la coalition internationale menacée d'enlisement dans le bourbier du Moyen-Orient. La bataille de Tikrit, à son 3e jour, se doit de sceller les retrouvailles. Elle est de facto conduite par les gardiens de la révolution en collaboration avec les forces irakiennes constituées pour un tiers par la 5e division de l'armée irakienne, et pour deux tiers de milices chiites. Le rôle iranien est jugé « positif » par le chef d'état-major inter-armées, le général Martin Dempsey, devant la commission des forces armées du Sénat. Devant la même commission, le secrétaire à la défense, Ashton Carter, a lui aussi souhaité que la reconquête irakienne face à Daech ne réveille pas le « spectre hideux » des luttes confessionnelles léguées par l'invasion américaine. Erigée en priorité absolue, la nouvelle politique iranienne des Etats-Unis instaure une nécessaire coordination contre l'ennemi commun. Jusqu'où ira la convergence politique ? Trop tôt pour « préjuger » des négociations, soutient la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham, lors de son point de presse hebdomadaire. Des « progrès » ont été aussi relevés par le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Javad Zarif, annonçant la poursuite des discussions sur les questions techniques et politiques « dans les semaines à venir ».