La Chine va creuser nettement son déficit budgétaire en 2015, et plus encore que ce qu'avait annoncé cette semaine le Premier ministre Li Keqiang, afin de soutenir l'activité économique, a prévenu le ministre chinois des Finances. Devant l'Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, Li avait fait état jeudi d'un déficit public 2015 équivalant à 2,3% du Produit intérieur brut (PIB), contre 2,1% l'an dernier - soit une augmentation de 270 milliards de yuans du déficit. Mais Lou Jiwei, ministre chinois des Finances, a expliqué vendredi que 200 milliards de yuans de dépenses publiques supplémentaires déjà programmées n'avaient pas été pris en compte dans ce calcul initial "pour des raisons techniques". Au final, en les incluant dans l'équation, le budget de la deuxième économie mondiale devrait accuser cette année un déficit de 1 640 milliards de yuans, soit environ 2,7% du PIB, a-t-il souligné lors d'une conférence. Par comparaison, un déficit de 2,6% est attendu aux Etats-Unis en 2015, la France tablant elle sur 4,1%. Il s'agirait du plus large déficit enregistré par la Chine depuis 2009 (-2,8%), année durant laquelle Pékin avait débloqué un plan de relance massif de 4 000 milliards de yuans pour atténuer - avec un certain succès - les effets de la crise financière mondiale. Or, l'économie chinoise ralentit à nouveau fortement (elle a enregistré en 2014 une croissance de 7,4%, sa plus faible depuis presque un quart de siècle), sur fond de consommation morose, de reflux des exportations, de refroidissement de l'immobilier et de contraction de l'industrie manufacturière. "Nous devons adopter une politique budgétaire à caractère expansionniste afin de modérer les effets des pressions négatives (sur l'activité)", a déclaré Lou Jiwei, en marge de la session de l'ANP. Outre des dépenses accrues pour la construction de logements sociaux et d'aides aux firmes exportatrices, quelque 800 milliards de yuans seront consacrés aux chemins de fer, et autant à des projets hydrauliques, avait entre autres annoncé Li Keqiang jeudi. Par ailleurs, les gouvernements locaux --lourdement endettés-- seront autorisés à émettre au total 600 milliards de yuans d'obligations pour se financer cette année. Jusqu'à récemment, les ventes de terrains immobiliers et le recours à la "finance de l'ombre" (mécanismes de crédit non régulés hors des banques) constituaient leurs principaux modes de financement, ayant alimenté ces dernières années une folle envolée des dettes publiques. Jusqu'à susciter les inquiétudes de Pékin, qui a depuis resserré drastiquement ses contrôles: à partir de l'an prochain, la Chine interdira aux gouvernements locaux de lever des fonds autrement que par des émissions obligataires, selon plusieurs médias chinois. "Les risques associés aux dettes des gouvernements locaux sont généralement sous contrôle. Nous allons prêter une attention renforcée aux régions où les ratios d'endettement sont particulièrement élevés", a averti M. Lou.