Américains et Iraniens poursuivaient vendredi leurs négociations sur le nucléaire à Lausanne, où devaient les rejoindre ce week-end plusieurs ministres des autres pays du P5+1, dont le Français Laurent Fabius, qui a une nouvelle fois demandé un accord robuste et réclamé de nouveaux efforts aux Iraniens. Fabius, attendu hier dans la ville suisse, a estimé depuis New York qu'un accord était possible, mais que Téhéran devait faire des efforts supplémentaires. Et alors que les négociateurs tentent d'arracher un compromis avant la date du 31 mars, le ministre français a répété que l'important c'est le contenu (d'un accord) pas la date butoir. La France est réputée comme l'un des pays les plus intransigeants du P5 +1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France, Allemagne) qui négocient depuis un an et demi avec Téhéran pour parvenir à un accord sur le nucléaire, dossier qui empoisonne les relations internationales depuis 12 ans. La communauté internationale veut s'assurer que l'Iran ne se dotera jamais de la bombe atomique, en ayant la possibilité de contrôler étroitement son programme nucléaire, en échange d'une levée des sanctions qui asphyxient ce pays. Un accord provisoire signé en novembre 2013 a déjà été prorogé deux fois, et les négociateurs se sont fixé jusqu'au 31 mars pour parvenir à un accord politique, ou au minimum une entente de principe, avant un texte complet dans lequel seraient finalisés tous les détails techniques, avant le 30 juin. Le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond, était de son côté attendu ce week-end à Lausanne. C'est à présent le moment, avec nos principaux alliés, de profiter de l'élan récent, de faire pression sur l'Iran sur les points où des divergences persistent, et de tendre toutes nos forces pour obtenir un accord sur la ligne d'arrivée, avait déclaré jeudi M. Hammond. Les ministres russe, chinois et allemand n'ont pas encore confirmé leur venue, mais dans une interview au quotidien Bildt vendredi, le chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier a estimé que pour la première fois depuis plus d'une décennie, un accord global est à portée de main.
Volontarisme mais aucune certitude On a envie d'y arriver: le mot court sur les lèvres des diplomates internationaux réunis à Lausanne, mais l'incertitude reste très forte sur les chances de succès avant le 31 mars. Les négociations sont très dures et compliquées et il y a des hauts et des bas, a résumé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif aux journalistes avant la reprise des négociations vendredi matin. Les délégations américaine et iranienne, conduites par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue iranien Zarif, ont repris leurs discussions, après plusieurs heures d'entretiens la veille. On a tous envie d'arriver à un accord, explique une source diplomatique occidentale. Tout le monde s'est tellement investi depuis plus d'un an, tant de travail a été fait..., rappelle-t-elle. Tout le monde le veut. Mais il ne s'agit pas d'un jeu, nous n'allons pas terminer cette histoire avec un vague accord qui s'écroulerait dès que nous aurions le dos tourné, souligne une autre source occidentale, rappelant que des paramètres aussi précis que possible doivent être établis sur les points clés au cœur de la négociation: enrichissement d'uranium, durée d'un accord, levée des sanctions... Nous pensons toujours qu'un accord est possible, mais quant à savoir à quel moment c'est une autre histoire. Notre sentiment est que nous pourrons certainement parvenir à un accord mais cela nécessite la volonté politique de l'autre partie, a déclaré M. Zarif. Confrontés à la pression de leurs faucons respectifs, et de l'hostilité des puissances régionales à tout accord qui renforcerait la position internationale de l'Iran chiite, MM. Kerry et Zarif ont besoin d'une entente substantielle d'ici fin mars pour tenir le cap jusqu'à la date ultime du 30 juin. Le président iranien Hassan Rohani a lancé jeudi une offensive diplomatique exceptionnelle auprès des dirigeants des grandes puissances pour pousser à la conclusion d'un accord, tout en réitérant l'une des exigences incontournables de son pays: l'annulation totale des sanctions américaines, européennes et surtout onusiennes, auxquelles est soumis l' Iran depuis 2006. M. Rohani a appelé un par un ses homologues français François Hollande, russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, et le Premier ministre britannique David Cameron. Il a également envoyé une lettre à tous les dirigeants du P5+1, dont le président américain Barack Obama.