Royal Dutch Shell s'apprête à racheter le producteur britannique d'hydrocarbures BG Group pour 47 milliards de livres, une opération géante qui devrait lui permettre de se renforcer dans le gaz naturel liquéfié face à la faiblesse des cours. Le groupe pétrolier anglo-néerlandais a annoncé hier avoir fait une offre amicale en numéraire et en actions pour l'équivalent de 64 milliards d'euros, qui a reçu l'approbation du conseil d'administration de BG Group. L'offre d'achat valorise chaque action BG à 1 350 pence environ, soit une prime d'environ 52% sur le cours de Bourse moyen des 90 dernières séances, ont expliqué Shell et BG dans un communiqué commun. Le résultat sera une entreprise plus compétitive et solide pour tous nos actionnaires dans l'environnement actuel de volatilité des prix du pétrole, a expliqué Jorma Ollila, le président de Shell. La fusion devrait permettre des synergies de 2,5 milliards de dollars par an. Les compagnies pétrolières cherchent en effet à devenir plus efficaces et à faire des économies face à la chute des cours subie depuis l'an dernier, en raison principalement de l'exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis et du refus de l'Opep de réduire sa production. Le baril de brut de la mer du Nord ne valait que près de 58 dollars mercredi matin contre un pic à plus de 115 dollars en juin. Ce sont les décisions audacieuses et stratégiques qui façonnent notre industrie. BG et Shell vont très bien ensemble, a assuré le directeur général de Shell, Ben van Beurden.
Spéculations sur de nouveaux rachats Cet achat donnera un accès à Shell aux gisements de BG en Australie, au Brésil, en Afrique de l'est ou en Egypte, où BG possède des activités importantes dans le gaz naturel liquéfié (GNL) ainsi que dans l'exploration en eau profonde. A l'heure où les grands projets d'exploration apparaissent coûteux et risqués, cette acquisition doit permettre à Shell d'augmenter ses réserves de pétrole et de gaz de 25% et sa production de 20%. BG Group, issu de la scission de l'ancien British Gas en 1997, emploie 5.200 personnes dans 24 pays. Frappée par la chute des cours, l'entreprise avait réalisé une perte l'an dernier. Son nouveau patron, Helge Lund, arrivé seulement en février, doit quitter le groupe. Ses actionnaires devraient posséder 19% du nouveau groupe fusionné. Shell devrait pour sa part lancer un programme de rachat d'actions d'au moins 25 milliards de dollars sur la période de 2017 à 2020. Les actionnaires des deux entreprises doivent désormais donner leur feu vert au rachat à l'occasion d'assemblées générales, pour une fusion qui devrait être effective début 2016. A la Bourse de Londres, l'action BG Group bondissait de 37% mercredi matin, tandis que l'action A Royal Dutch Shell perdait pour sa part près de 3%. Les avantages sont clairs du point de vue de Shell, avec une augmentation de son exposition au GNL, des synergies de coût presque immédiates et, le moment venu, des ventes d'actifs grâce à un démantèlement partiel des activités de BG, a salué Richard Hunter, du courtier Hargreaves Lansdown. Selon les analystes, la spéculation sur de nouveaux rachats dans le secteur devrait désormais s'intensifier. Cela pourrait marquer le début d'une frénésie de fusions-acquisitions comme à la fin des années 1990, quand toute une série de petites valeurs du pétrole et du gaz ont été avalées par des entreprises plus grosses pour donner naissance aux poids lourds actuels comme ExxonMobil, BP, Chevron et Royal Dutch Shell, estime Augustin Eden, analyste chez Accendo Markets. La chute des cours du pétrole a en effet pesé sur les cours de certaines entreprises moyennes, comme le britannique Tullow Oil, en en faisant des proies faciles.