Des combats meurtriers ont opposé ces dernières 24 heures les forces pro et antigouvernementales dans l'est et l'ouest de la Libye, à deux jours d'un nouveau round de dialogue destiné à mettre fin à la guerre, selon des sources de sécurité samedi. Dans un communiqué, la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) a réitéré son appel aux parties en conflit à éviter d'entreprendre des actions militaires qui exacerberaient les très fortes tensions existantes et menaceraient le dialogue inter-libyen. Livré aux milices depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est disputé par deux gouvernements et Parlements, l'un à Tripoli sous la coupe d'une coalition de milices appelée Fajr Libya, et l'autre dans l'est du pays reconnu par la communauté internationale. Depuis octobre, les forces pro-gouvernementales (miliciens et soldats) tentent de reprendre Tripoli et les régions à l'ouest de la capitale libyenne, aux mains de Fajr Libya depuis août 2014. Des combats ont ainsi opposé vendredi et samedi les deux camps dans la région d'Aziziya, à 35 km à l'ouest de la capitale, les pro-gouvernementaux cherchant à reprendre du terrain et avancer vers Tripoli. Nous combattons les forces tribales (alliées du gouvernement) et nous les empêchons de progresser, a affirmé un commandant local de Fajr Libya. Les combats ont cessé en fin de matinée. Dans son communiqué, la Manul a condamné la grave escalade dans l'ouest libyen notamment à Aziziya. Elle a exprimé sa profonde inquiétude quant aux souffrances des habitants et appelé les protagonistes à cesser immédiatement les hostilités et à convenir d'arrangements sécuritaires pour permettre aux résidents de retrouver une vie normale. A plus de 1 000 km à l'est, à Benghazi, deuxième ville du pays, ce sont des groupes armés islamistes non liés à Fajr Libya qui s'opposent aux forces pro-gouvernementales. Vendredi les combats entre ces deux camps ont coûté la vie à 10 soldats et blessé plus de 40, selon des sources de sécurité et médicales. Ils ont éclaté après un assaut des militaires contre des positions des groupes islamistes dans le secteur de Hawari, à la limite sud de la ville, a-t-on ajouté. Les forces du général Khalifa Haftar, devenu l'homme fort de l'armée libyenne, cherchent depuis mai 2014 à chasser de Benghazi les groupes islamistes armés qui contrôlent en partie la ville. Il avait assuré mi-mars qu'il reprendrait le contrôle de Benghazi d'ici un mois. Ces nouvelles violences surviennent alors que plusieurs sessions de dialogue inter-libyen ont eu lieu ces dernières semaines en Algérie et au Maroc, sous l'égide de l'ONU qui tente d'arracher un accord sur un gouvernement d'unité nationale. A Alger, le dialogue réunissant les représentants de six partis politiques et des militants doit reprendre lundi en présence de l'émissaire de l'ONU en Libye, Bernardino Leon. Lors du premier round, les 10 et 11 mars, les participants avaient rédigé une déclaration écrite demandant un arrêt immédiat des opérations militaires pour permettre au dialogue de se poursuivre dans de bonnes conditions. Ils avaient aussi exprimé le souhait d'arriver à un consensus pour un gouvernement d'union. En parallèle, des négociations avaient eu lieu au Maroc entre représentants des deux Parlements rivaux. Néanmoins, selon les experts, les négociations ont peu de chances d'aboutir en raison des divisions dans chaque camp, de l'échec des forces politiques à contenir les milices armées, des ingérences extérieures et de la montée en force des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Enfin, des élus libyens seront la semaine prochaine à Washington dans le cadre des initiatives de paix de l'ONU pour parvenir à un gouvernement d'union.