De violents affrontements opposent toujours les forces gouvernementales aux islamistes radicaux, dans les villes de Derna, et également autour d'un terminal pétrolier dans l'est de la Libye. Bilan : 16 soldats tués et 38 autres blessés entre lundi et mardi. Ce nouveau décompte macabre des pertes en vies humaines en Libye, qui semble éloigner davantage les Libyens de la solution politique au chaos sécuritaire et à la crise institutionnelle, survient subséquemment à l'offensive menée par les forces loyalistes du général Haftar, aidées par l'armée libyenne, sur les places fortes des islamistes radicaux réfractaires au dialogue. Les forces gouvernementales, qui ont déjà un pied dans les négociations indirectes à Genève, tentent de reconquérir les villes échappant au contrôle de l'Etat, notamment Tripoli et Benghazi. Il s'agit, aussi, de la tentative de reprise de la ville de Derna, située à 1 300 km à l'est de Tripoli. Transformée en "émirat islamique", elle est devenue le fief des partisans du groupe extrémiste Etat islamique (EI) et accueille régulièrement des combattants islamistes qui s'y entraînent avant d'être envoyés en Irak ou en Syrie. Par ailleurs, des combats continuent d'opposer les milices de Fajr Libya et les forces pro-gouvernementales dans l'ouest du pays, près de la frontière tunisienne, ainsi que dans l'est, dans le "Croissant pétrolier". Mardi, la coalition de Fajr Libya, qui s'est emparée de la capitale cet été, a mené une nouvelle offensive pour tenter d'avancer vers le port d'al-Sedra, mais elle a été repoussée par les forces loyales au général Haftar et au gouvernement d'Al-Theni, au prix de 5 soldats tués et 13 autres blessés dans ces combats. C'est dans ce contexte que des discussions de paix entre les différentes factions et les deux gouvernements rivaux devront commencer dans quelques jours en Libye. Le représentant personnel du SG de l'ONU pour la Libye, Bernardo Leon, qui n'a pas précisé la date et le lieu exacts des prochaines négociations, en a fait l'annonce au cours d'une conférence de presse après avoir rencontré à Tripoli, avec des responsables du Congrès général national (CGN), l'ancien Parlement libyen et concurrent du Parlement légitimement élu. Selon M. Leon, la réunion avec le groupe du dialogue représentant le CGN a abouti à des décisions importantes, dont la reprise des pourparlers entre les parties libyennes "dans un contexte important et crucial pour arrêter les combats en Libye et relancer le processus politique sur des fondations saines". Ces pourparlers seront précédés d'une tentative de l'ONU d'obtenir un cessez-le-feu auprès des différents chefs militaires, a indiqué M. Leon, soulignant que "ce dialogue continuera d'inclure des représentants de toutes les composantes du peuple libyen et les forces sur le terrain, les tribus et les représentants des municipalités". Pour rappel, les protagonistes libyens ont parachevé, les 26 et 27 janvier, un second round du dialogue à Genève, qui, toutefois, n'a pas permis d'aboutir à un accord, puisque le gouvernement parallèle installé à Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, a exigé que les discussions se déroulent en territoire libyen. A.R.