Les cours du pétrole poursuivaient leur hausse hier dans les échanges électroniques en Asie, soutenus par l'annonce d'un repli de la production de pétrole de schiste américain. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai s'appréciait de 26 cents, à 53,55 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance prenant 43 cents, à 58,86 dollars. Les cours du pétrole sont aidés par les espoirs d'un début de réduction de l'offre américaine de pétrole de schiste au mois de mai, après la publication lundi d'un rapport sur la productivité des forages aux Etats-Unis par le Département américain de l'Energie (DoE). L'optimisme pourrait toutefois faire long feu, a jugé la United Overseas Bank de Singapour, avec la publication attendue par le DoE des stocks de brut aux Etats-Unis. Les analystes s'attendent à une nouvelle augmentation de ces stocks, qui témoignent de l'état de la demande chez le plus gros consommateur d'or noir au monde. La veille à la clôture, les cours du pétrole ont fini en nette hausse à New York, les investisseurs se réjouissant de l'annonce d'un reflux de la production de pétrole de schiste américain à partir de mai. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a gagné 1,38 dollar, à 53,29 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent a terminé en hausse plus timide 50 cents par rapport à la clôture de lundi, à 58,43 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Encouragée par l'affaiblissement du dollar mardi, suite à une statistique décevante sur les ventes de détail aux Etats-Unis, la hausse des prix a été principalement expliquée par la perspective d'un début de reflux de la production américaine. "Le rapport du département de l'Energie (lundi soir) semble mener le marché, il a annoncé un recul de 57 000 barils par jour de la production de pétrole de schiste" en mai, a déclaré Robert Yawger, chez Mizuho Securities. "Ce sera le premier recul" depuis que l'administration américaine a commencé à compiler ces données sur le pétrole de schiste en 2013, a encore souligné M. Yawger. Pour Michael Wittner, à la Société Générale, cette annonce a soutenu les cours, "non parce que les chiffres sont importants, mais parce que cela faisait tellement longtemps que le marché attendait l'impact sur la production de la chute régulière du nombre de puits en activité". Le marché a d'autant plus réagi que "le pétrole de schiste est à la source de la surabondance mondiale actuelle de pétrole", a-t-il ajouté. Les analystes de Commerzbank ont souligné pour leur part que le risque d'une correction était "considérable". Ils ont noté que par rapport à l'excédent d'offre atteignant quelque 2 millions de barils par jour (mbj), le recul de la production de schiste américain ne serait qu'une "goutte dans l'océan". M. Yawger a aussi noté qu'il fallait se préparer à l'annonce mercredi que les réserves de brut américaines avaient encore augmenté, ce qui serait un facteur de baisse, confirmant que le marché est saturé d'or noir. Les heures à venir vont être "épiques", a renchéri Matt Smith, chez Schneider Electric, notant que le marché suivrait également de près les statistiques chinoises sur le produit intérieur brut, les ventes de détail et la production industrielle - la Chine étant le premier pays importateur d'or noir. Lundi, le marché s'était appuyé sur les mauvais chiffres des importations et exportations chinoises pour croire à des mesures de relance, ce qui avait déjà poussé les cours du brut à la hausse. Par ailleurs Tim Evans, chez Citi, a remarqué que certains membres de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) "commencent à plaider pour changer de politique et passer d'une course à la part de marché, décidée en novembre 2014, à une politique plus favorable aux cours qui chercherait à mieux harmoniser la production et les prévisions de demande. Mais vu la récente hausse de la production saoudienne, il ne semble pas qu'un accord puisse être facilement trouvé sur ce point", notait-il.