Les prix du pétrole continuaient de progresser hier matin en Asie, toujours portés par des informations selon lesquelles les Etats-Unis songent à exporter du brut, dans un marché qui attend les réserves hebdomadaires américaines de brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin gagnait 26 cents, à 101,96 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance 11 cents à 109,35 dollars. La veille, les prix du pétrole ont nettement progressé à New York, dopés par la perspective d'un léger recul des réserves d'or noir américaines et par des informations selon lesquelles les Etats-Unis songent à exporter du brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin a avancé de 1,11 dollar, à 101,70 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison pour même échéance a fini à 109,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 83 cents par rapport à la clôture de mercredi. Les opérateurs attendent la publication des stocks américains hebdomadaires, qui devraient signaler une nouvelle baisse des réserves de brut aux Etats-Unis, deux semaines après avoir atteint un niveau record, selon les analystes. Les stocks de brut avaient reculé de près de 2 millions de barils la semaine dernière, interrompant une progression quasi-continue depuis le début de l'année. Ils avaient atteint fin avril un niveau record depuis 1931, en données mensuelles, à presque 400 millions de barils. "Le marché se tient prêt pour les chiffres du DoE", le département américain de l'Energie, "qui devraient montrer une nouvelle baisse des réserves de brut aux Etats-Unis, deux semaines après qu'elles ont atteint un niveau record", a relevé Bob Yawger, de Mizuho Securities. Une diminution des réserves de pétrole tend à provoquer une hausse des cours du baril, car elle est jugée encourageante pour les perspectives de demande du premier consommateur de brut au monde. "Et il semblerait que les réserves (du terminal pétrolier) de Cushing reculent une nouvelle fois encore, ce qui accentue la progression des prix", a expliqué Bob Yawger. Le terminal de Cushing détient les réserves qui servent de référence aux prix du pétrole coté à New York, le WTI. L'augmentation de la capacité d'acheminement du brut vers les raffineries du golfe du Mexique depuis le début de l'année a permis une nette décrue de ces stocks, qui s'accumulent depuis dans les entrepôts texans. D'autre part, les Etats-Unis "s'avancent à petit pas vers une situation où l'on se dit qu'exporter du brut pourrait avoir du sens, même si l'on est encore loin de là", a remarqué Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion. L'expert faisait référence à des commentaires tenus à Séoul par le secrétaire américain à l'Energie, Ernest Moniz, selon lesquels l'éventualité de l'exportation de brut américain est "à l'étude", selon des informations de la presse américaine confirmées par le DoE. Une loi adoptée aux Etats-Unis en 1975, dans le sillage du choc pétrolier de 1973, interdit l'exportation de pétrole brut américain, les produits raffinés échappant à cette interdiction. Mais Desmond Chua, analyste chez CMC Markets, a souligné que des problèmes de transport pourraient freiner le désengorgement des lieux de stockage du brut, si l'interdiction d'exporter est levée. "Le transport est le principal obstacle en raison du développement des oléoducs dans différentes régions et sous différentes juridictions", a-t-il ajouté. "C'est la première fois qu'un responsable aussi haut placé (dans l'administration américaine) et proche des questions énergétiques fait référence à (cette éventualité) de manière aussi précise, et c'est cela qui a fait bouger le marché" dès les échanges électroniques, a précisé M. Larry. Cependant, "si les réserves reculent encore cette semaine, et encore la semaine prochaine, et la suivante, l'appel à reprendre les exportations va peut-être perdre en intensité. Si la demande reprend aux Etats-Unis dans les prochaines, semaines, on n'y pensera peut-être plus", a-t-il estimé. Grâce à l'exploitation du pétrole et du gaz de schiste par de nouvelles techniques d'extraction, les Etats-Unis connaissent actuellement un boom de leur production de pétrole. A Londres, le Brent s'est aussi apprécié, dans le sillage du WTI. Le marché a en effet fait peu de cas d'une possible augmentation de l'offre libyenne, "après un accord conclu avec les protestataires de l'Ouest du pays", ont relevé les experts de Commerzbank.