La Grèce se retrouvait pressée de toutes parts samedi à Washington de présenter son programme de mesures budgétaires. Dans un projet de communiqué en marge de sa réunion de printemps et de celle de la Banque mondiale, le FMI évoque une croissance mondiale "modérée". Selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance économique est renforcée pour les pays industrialisés mais fragilisée pour certains pays émergents. La Grèce était-elle largement évoquée dans ces réunions. La solution à la crise actuelle "est dans les mains du gouvernement grec", a assuré le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.
Demande par Draghi Mais "il faut beaucoup plus de travail et c'est urgent", a-t-il lancé, alors que l'impatience se manifestait aussi chez plusieurs grands argentiers, même non-européens. "Il n'y a pas de temps à perdre" et "il faut redoubler d'efforts", a averti le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew lors de ces mêmes assemblées. "La validité du programme (de réformes) doit être claire", a-t-il ajouté avant d'avertir: "l'Europe n'a pas besoin d'une nouvelle crise". Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, présent à Washington, s'est borné à répéter en public les thèmes du gouvernement de gauche radicale Syriza. Mais Mario Draghi a demandé samedi des réformes "chiffrées" et a exigé que le gouvernement grec soit attentif à "l'impact budgétaire" de ses propositions. Nous voulons tous que la Grèce réussisse à sortir de la crise, a-t-il dit à Washington indiquant toutefois que la zone euro était mieux équipée qu'en 2012, 2011, 2010 si la situation devait empirer. Le président de la Banque centrale européenne s'exprimait à l'occasion des réunions semi-annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Elles ont été l'occasion pour plusieurs responsables financiers de haut vol de faire monter la pression sur Athènes, en réclamant des réformes, et en relativisant l'impact économique qu'aurait une détérioration de la situation. M. Draghi a jugé qu'il fallait rétablir le dialogue, alors que les créanciers internationaux attendent de la Grèce une liste de réformes, avant de délivrer au pays une aide de 7,2 milliards d'euros dont il a cruellement besoin. Le chef de la BCE a demandé des réformes chiffrées, et a exigé que le gouvernement de la gauche radicale Syriza soit attentif à l'impact budgétaire de ses propositions. Refusant de spéculer sur un défaut de paiement de la Grèce, synonyme presque certain de sortie de l'euro, M. Draghi a toutefois souligné que la zone euro s'était dotée d'instruments face au risque de contagion, qui seraient utilisés en cas d'escalade de la crise. Mais il a reconnu que la zone euro entrerait en territoire inconnu si la crise grecque empirait. Avant lui, les Etats-Unis, l'Allemagne et la France avaient déploré les trop maigres progrès dans les discussions autour des réformes en Grèce.
Ciblée par plusieurs Etats Lorsqu'Athènes aura présenté ces mesures, elle pourra bénéficier de la dernière tranche d'aide prévue de son programme de soutien, s'élevant à 7,2 milliards de dollars, selon lui. Cet argent lui est vital pour faire face à ses obligations de paiement sur sa dette. Le président de la BCE a refusé de se placer dans l'éventualité d'un défaut de la Grèce. Emboîtant le pas de plusieurs autres responsables économiques internationaux ces derniers jours, il a toutefois estimé que la zone euro était désormais mieux préparée pour faire face à un tel défaut et, plus globalement, à une sortie de la Grèce de l'euro. La prochaine échéance est une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Riga le 24 avril.
Obama demande un engagement Le président américain Barack Obama a exhorté la Grèce à engager des réformes gouvernementales et fiscales. C'était lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre italien à la Maison Blanche. Il a également souhaité des "progrès importants" sur les négociations de libre-échange avec l'UE et l'Asie-Pacifique. "Matteo a raison. La Grèce doit engager des réformes", a dit M. Obama. Les Grecs "doivent prélever les impôts. Ils doivent réduire leur bureaucratie, flexibiliser leur marché du travail". Le président américain a rappelé qu'il avait appelé le Premier ministre grec à montrer à son peuple "qu'il y a de l'espoir et que vous pouvez retrouver de la croissance". Matteo Renzi, en visite à la Maison Blanche, avait peu avant appelé le gouvernement grec à respecter les engagements passés avec l'Union européenne.
Milliards d'euros "Nous soutiendrons un degré de flexibilité sur la façon dont vous avancerez", a dit Barack Obama. Obama et le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis ont eu une "brève interaction" jeudi soir à la Maison Blanche en marge d'une cérémonie commémorant l'indépendance grecque de 1830, a indiqué un responsable américain. M. Varoufakis, présent à Washington à l'occasion des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, a affiché la volonté de son gouvernement de mener à bien les réformes exigées par ses créanciers pour qu'ils débloquent une tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros.
TTIP et TTP évoqués par Renzi Il fait face à un certain scepticisme, notamment de la part de son homologue allemand Wolfgang Schaüble, et à une grande fermeté de la part de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Une réunion entre des responsables grecs et leurs créanciers internationaux doit avoir lieu à partir de samedi à Paris pour faire le point sur les réformes en Grèce. Les créanciers de la zone euro pourraient tenir leur promesse d'alléger le fardeau de la dette grecque si Athènes met en oeuvre des réformes, a souligné de son côté vendredi le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à Washington. M. Obama a par ailleurs souhaité que les négociations sur l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne, dit "TTIP", avancent de façon accélérée cette année. "Avec le TTIP, l'Italie a tout à gagner d'un point de vue commercial et économique", a dit M. Renzi. Notamment, selon lui, si les Etats-Unis augmentent leurs échanges commerciaux avec la région Asie-Pacifique.