Les cours du pétrole s'appréciaient hier dans les échanges électroniques matinaux en Asie sous l'effet conjugué de nouvelles mesures de soutien à la croissance en Chine et de la réduction du nombre de puits de forage aux Etats-Unis. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai, contrat de référence jusqu'à mardi, prenait 78 cents, à 56,52 dollars tandis que le baril de Brent pour livraison en juin augmentait de 77 cents, à 64,22 dollars. La Chine a annoncé dimanche une réduction du ratio de réserves obligatoires des banques dans le but d'injecter plus de liquidités dans le système et soutenir une croissance en perte de vitesse dans la deuxième économie mondiale. Cette annonce "est perçue comme une véritable mesure de soutien" à l'économie et "les opérateurs pétroliers y réagissent fortement", relevait Michael McCarthy de CMC Markets à Sydney, interrogé par Bloomberg. "La réduction du nombre de puits (de forage aux Etats-Unis et un recul modéré de la production aux Etats-Unis contribuent également" à la tendance, selon lui. Après six mois de fermetures de puits, la production américaine commence à refluer et l'annonce la semaine dernière d'une baisse minime de la production, de 20 000 barils par jour, avait suffi à provoquer une envolée des cours du WTI de presque 6%, qui s'était maintenue jeudi. Le nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis est le plus faible depuis novembre 2010. Au total, les cours de l'or noir, qui ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis juin 2014, ont rebondi de 30% depuis leur niveau plancher de mars. La reprise est néanmoins freinée par la hausse continue des réserves de brut aux Etats-Unis, le refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire sinon stabiliser sa production, et la perspective d'un afflux de pétrole iranien en cas d'accord avec les grandes puissances sur son programme nucléaire. L'Opep a indiqué que le mois dernier, sa production avait augmenté de 810 000 barils par jour (bj) pour atteindre 30,79 mbj en moyenne, dépassant à nouveau les quotas du cartel. Et le cartel "est peu susceptible de baisser sa production à court terme" du moins pas avant sa réunion de juin à Vienne, notait David Lennox de Fat Prophets. Même aux Etats-Unis, selon l'Institut américain du pétrole (API), la production américaine a atteint en mars 9,32 mbj, le niveau le plus haut depuis 42 ans, en augmentation de 13% sur un an. Le "light sweet crude" avait terminé la semaine dernière en baisse de 97 cents, à 55,74 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le Brent avait fini en baisse de 53 cents, s'établissant à 63,45 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). A Londres, le baril de Brent pour livraison en juin, devenu le contrat de référence jeudi, a terminé en baisse de 53 cents, s'établissant à 63,45 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Le secteur du brut essaie de reprendre son souffle", a souligné Matt Smith chez Schneider Electric. "Le marché était allé trop loin et ne pouvait pas rester au niveau" de jeudi, a commenté Bill Baruch, chez iiTrader.com. Les cours du WTI avaient bondi de 12,5% entre le 8 et le 16 avril. "Il y a des prises de bénéfices" a-t-il ajouté, un phénomène particulièrement sensible en fin de semaine. Certes la société Baker Hughes a annoncé dans la journée qu'il y avait encore 26 puits en activité de moins cette semaine que la semaine dernière mais "le décompte des puits va devenir de moins en moins important" a expliqué M. Baruch, "la production s'en est déjà ressentie". En effet, le marché a déjà assimilé que, après six mois de fermetures de puits, la production américaine commençait enfin à refluer. Mais vu la hausse des derniers jours, le recul de vendredi semblait ordonné. "Les investisseurs ont l'air d'avoir encore confiance dans la performance des cours" actuelle, a remarqué Tim Evans, chez Citi. En outre, a noté Matt Smith, plusieurs facteurs soutiennent les cours: "les tensions géopolitiques (comme la prise par Al Qaïda d'un grand aéroport et d'un camp militaire), ou l'espoir de mesures de relance en Chine (via un éventuel assouplissement monétaire)". Mais plusieurs analystes tablaient toutefois sur un reflux prochain. "Même si le marché reste optimiste et concentré sur certains détails comme le nombre de puits, les stocks et la production aux Etats-Unis, la récente augmentation de la production de brut de l'Opep ne fait qu'aggraver le surplus d'offre par rapport à la demande", a noté M. Evans. Enfin, s'inquiétaient-ils, "il y a un risque que la hausse des prix rende la production de pétrole de schiste de nouveau plus lucrative, si bien que la récente chute de production pourrait ne pas durer". Pour Phil Flynn, chez Price Futures Group, l'évolution des cours à court terme va dépendre du rythme du repli de la production américaine.