Après les nouveaux records absolus dépassés cette semaine, dont celui du Nasdaq qui tenait depuis plus de quinze ans, Wall Street attend désormais les signes que le printemps revient, et la croissance avec lui, pour rester sur son élan. Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 1,42% à 18 080,14 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a avancé de 3,25% à 5 082,08 points, battant deux fois de suite son propre record en fin de semaine, et l'indice élargi Standard and Poor's 500, très surveillé par les investisseurs, a pris 1,75% à 2 117,69 points, également un nouveau record, remontant celui-là au 2 mars. "L'événement de la semaine (passée), c'est le record du Nasdaq", a souligné Gregori Volokhine, chez Meeschaert Financial Services. "C'est la revanche de la nouvelle économie, mais la nouvelle économie qui gagne de l'argent", ce qui n'était pas le cas avant l'éclatement de la bulle internet en 2000, a-t-il souligné. D'ailleurs ce sont les nouveaux géants de l'économie internet qui ont encore conduit les indices à la hausse vendredi: Amazon, Microsoft et Google, en attendant Apple lundi. Le groupe à la pomme croquée, de loin la plus grosse capitalisation boursière mondiale à près de 760 milliards de dollars, nouveau membre du Dow Jones, pourrait encore à lui seul faire l'événement s'il dépasse les attentes avec la progression de ses résultats trimestriels. Une analyse de Factset prévoit qu'Apple sera le plus grand contributeur à la progression annuelle des bénéfices du secteur des technologies pour le premier trimestre, et le deuxième plus grand, après Bank of America, pour tout le S&P 500. M. Volokhine a aussi souligné que le record atteint cette semaine par le Nasdaq était tout relatif: "si on ajuste pour l'inflation, on est encore à 37% en-deçà du plus haut de 2000", a-t-il souligné, et sur des bases bien plus saines. Outre Apple, le marché attend la semaine prochaine les résultats du premier groupe pétrolier national, ExxonMobil, ainsi que ceux de son concurrent Chevron, qui ont souffert de l'effondrement des prix du brut depuis juin 2014. Il guettera probablement des commentaires sur leurs perspectives, le marché du brut s'étant nettement repris ces cinq dernières semaines. Hugh Johnson Advisors estime malgré tout que les indices sont prêts à caler, car les valorisations sont selon lui excessives par rapport aux bénéfices publiés, et "les investisseurs deviennent prudents".
Tourner la page de l'hiver "Pour voir les marchés monter encore nettement, il faudrait qu'on voie une accélération de la croissance", a souligné pour sa part Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management. A cet égard, les investisseurs regarderont de très près les premiers chiffres concernant l'activité d'avril et sur la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) du premier trimestre, attendue mercredi, et déjà passée par pertes et profits. La croissance est attendue autour de seulement +1%, un ralentissement généralement mis sur le compte des intempéries et de la force du dollar. "Ce qu'on espère, c'est des chiffres qui puissent montrer que le mois d'avril est le début d'une reprise", a souligné M. Volokhine. Du coup, l'indice sur la confiance des consommateurs, mardi, l'indice sur l'activité économique dans la région de Chicago, jeudi, et surtout l'indice ISM d'activité dans l'industrie sont donc attendus avec attention. "Même si l'industrie ne représente que 15% de l'économie, elle tend à évoluer comme les services, et donc ce sera très intéressant", a souligné M. Cahill. Quant à la réunion du Comité politique de la Réserve fédérale (Fed) de mardi et mercredi, nul n'en attend d'annonces fermes, mais, comme toutes les six semaines, les investisseurs tenteront de déceler dans le communiqué final des indications sur le calendrier de la normalisation des taux d'intérêt, proches de zéro depuis six ans. "Cela pourrait créer de la volatilité parce que les attentes sont très partagées, a souligné Hugh Johnson.