La coalition arabe au Yémen a affiché lundi sa détermination à allier pression militaire et action politique pour rétablir l'autorité légitime dans le pays en guerre, où de nouveaux raids aériens ont visé les rebelles chiites soutenus par l'Iran. Les Emirats arabes unis, qui figurent parmi les principaux alliés de l'Arabie saoudite dans la coalition, ont levé le voile sur la nouvelle stratégie des neuf pays arabo-sunnites engagés dans l'opération. Celle-ci alliera pression militaire et action politique jusqu'au rétablissement de l'autorité légitime à Sanaa, a expliqué le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane, commandant en chef adjoint des Emirats. La nouvelle phase repose sur une stratégie (...) ayant une dimension militaire et qui tend, par une action politique et de développement, à rétablir (l'autorité) légitime au Yémen, a déclaré cheikh Mohamed, cité lundi par le quotidien émirati Al-Ittihad. Nous n'avons d'autre choix que de réussir dans l'épreuve du Yémen, a-t-il ajouté lors d'une visite sur une base aérienne utilisée par la coalition à Taëf (ouest de l'Arabie saoudite). Dans une allusion à l'Iran, le prince a affirmé la détermination de son pays à agir, avec ses frères arabes, pour contrer tous les plans ou agendas régionaux nourrissant des convoitises dans les pays arabes. L'Iran est le pays le plus critique de l'intervention lancée le 26 mars par Ryad au Yémen pour venir à bout des rebelles chiites Houthis qui ont conquis de vastes régions, dont la capitale Sanaa, et poussé à l'exil le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le chef des Gardiens de la révolution iranienne, l'armée d'élite du régime, le général Mohammad Ali Jafari, a accentué ces critiques en accusant lundi l'Arabie saoudite de traîtrise et en prédisant la chute de sa monarchie. Aujourd'hui, l'Arabie saoudite traîtresse marche dans les pas d'Israël et des sionistes, a affirmé le général. La dynastie saoudienne est au bord du déclin et de la chute, a-t-il ajouté, en disant espérer que cela se réalisera rapidement. Chaque jour, nous sommes témoins du renforcement du pouvoir et de la dimension de la Révolution islamique à l'étranger, a par ailleurs estimé le général Jafari. Craignant que le conflit yéménite ne s'étende à la région, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont de nouveau discuté lundi à New York de la guerre et des moyens d'y mettre fin.
La garde nationale à la frontière En dépit de l'annonce le 21 avril de la fin de la phase intensive de sa campagne aérienne appelée Tempête décisive, la coalition poursuit ses frappes quotidiennes, en particulier dans le sud. Intervenant à Ataq, chef-lieu de la province de Chabwa, ses avions ont bombardé lundi des casernes, ainsi que cinq écoles transformées par les rebelles en entrepôts d'armes et de munitions, selon des sources militaires. Au moins douze rebelles chiites ou leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont été tués dans ces raids qui ont détruit notamment des chars et des transports de troupes. Des raids aériens ont en outre visé des positions rebelles à Loder, ville de la province d'Abyane, et à Dhaleh, également dans le sud. Des frappes aériennes ont eu lieu aussi autour d'Aden et de Taëz, où des affrontements ont fait en 48 heures 17 tués parmi les civils, selon des sources locales et médicales. L'intensité des combats à l'arme lourde a poussé des centaines d'habitants à quitter leurs maisons pour chercher refuge dans des secteurs plus sûrs. A Aden, cinq membres d'une même famille ont trouvé la mort lundi dans l'effondrement d'une maison jouxtant un bâtiment public visé par la coalition, a indiqué un responsable provincial, estimant qu'il s'agissait d'une bavure. Le 21 avril, Ryad avait prévenu que l'aviation interviendrait contre tout mouvement suspect au sol, malgré l'amorce d'une nouvelle phase de sa campagne, baptisée Redonner l'espoir. L'agence officielle saoudienne SPA a par ailleurs annoncé que les premiers éléments de la Garde nationale -- corps constitué de 125 000 hommes issus de tribus fidèles à la dynastie des Al-Saoud -- avaient été déployés à la frontière yéménite. Ils s'ajoutent aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée régulière déjà présents à la frontière.