Le procès, après cassation, de l'affaire Khalifa Bank qui s'est ouvert lundi dernier au tribunal criminel de Blida, huit ans après le premier procès en janvier 2007 au niveau du même tribunal, s'est poursuivi hier avec ce que tout le monde attend avec impatience : l'audition du principal accusé dans l'affaire de la caisse principale de cette banque, Abdelmoumene Khalifa. Ainsi, Khalifa s'est présenté à la barre pour répondre aux questions. Vêtu d'un costume bleu nuit, Abdelmoumene Khalifa, amaigri, a commencé à répondre à l'interrogatoire du président du tribunal, Antar Menouer. Compte tenu de la gravité des chefs d'inculpation, l'accusé est paru imperturbable et surtout détendu alors que le juge a expliqué, dans le détail, les accusations portées à son encontre à savoir : "constitution d'une association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels". Au total, 71 prévenus, ayant introduit un pourvoi en cassation devant la Cour suprême seront rejugés. Plus de 300 témoins comparaîtront pour la deuxième fois, des victimes et partie civile seront présents au procès. Les personnes citées en témoins dans cette affaire durant le premier procès comparaîtront lors du nouveau procès, il est donc attendu qu'il juge uniquement les personnes inculpées au premier procès. Lors de l'audience, Abdelmoumene Khalifa est entouré de ses deux avocats, Nesseredine Lezzar et Merouane Medjhouda, dans une salle à moitié pleine. Au début de l'audience, le président du tribunal a rappelé à la presse l'interdiction de filmer, de prendre en photo ou d'enregistrer le déroulement du procès qui sera long, a-t-il fait remarquer. Il a également demandé aux témoins de rester en dehors de la salle d'audience, relevant qu'il fera appel à eux tout au long du procès. La programmation dudit procès intervient également après le report d'un premier procès qui devait avoir lieu en avril 2013.
Khelifa nie avoir falsifié deux actes d'hypothèque pour obtenir un prêt bancaire Le principal accusé dans l'affaire de la caisse principale de Khalifa Bank, Abdelmoumene Khelifa, a nié mercredi devant le tribunal criminel près la cour de Blida avoir falsifié deux actes d'hypothèque d'une villa à Hydra et d'un magasin à Chéraga en vue d'obtenir un prêt bancaire pour créer sa banque privée. Interrogé par le président d'audience, Antar Menouar, sur le chef d'accusation de falsification de deux actes d'hypothèque utilisés pour contracter un prêt auprès de l'agence de la BDL de Staouéli (ouest d'Alger), l'accusé a dit que les deux actes ne portaient pas sa signature et que les descriptions de la villa et du magasin dans ces documents ne correspondaient pas à sa maison familiale et à sa pharmacie. Il a ajouté que les deux actes en question ne concernaient pas sa banque mais une autre entreprise, qualifiant d'"illogique" et d'"inconcevable" son accusation de falsification des deux documents. Interrogé par le juge sur les moyens par lesquels il a obtenu un premier prêt d'un montant de 61 millions de dinars et un second d'un montant de 51 millions de dinars en 1997 de l'agence de la BDL de Staouéli, l'accusé a répondu qu'il disposait d'un ancien compte bancaire dans cette agence où les "facilités de financement" dont il bénéficiait lui ont permis d'obtenir les prêts. L'accusé a précisé qu'il n'avait entendu parler des actes en question qu'en 2004, estimant que cette histoire de falsification était "montée de toutes pièces". La justice doit fournir le dossier qui a accompagné la demande de crédit hypothécaire, mais "il n'existe pas", a-t-il ajouté. Il a nié s'être rendu avec le directeur de l'agence bancaire d'alors, Idir Mourad Issir, (également accusé dans l'affaire) dans l'étude du notaire Rahal Omar dont le cachet aurait été utilisé, en son absence, par une tierce personne comme énoncé dans l'arrêt de renvoi. Il a ajouté qu'il n'avait pas besoin de recourir à un prêt pour la création de Khalifa Bank et que cette dernière était financée par les profits générés de la filiale française de sa société de fabrication de médicaments. Après les questions sur l'hypothèque de la villa et du magasin, l'accusé est interrogé sur les détails de la création et de la gestion de la banque. Le juge Antar Menouar avait annoncé en début d'audience qu'elle serait "longue". Là, il est utile de rappeler que l'audience de mardi après-midi a été émaillée par un incident provoqué par un journaliste exerçant dans une chaîne de télévision privée qui a filmé Abdelmoumene Khelifa, sachant que l'usage de la caméra est strictement interdit dans ce type de lieu. L'incident avait provoqué l'ire du président du tribunal lequel avait, dans un premier temps, ordonné l'interdiction à la salle d'audience aux journalistes munis de leurs téléphones portables et de leurs micro-ordinateurs, avant qu'il ne revienne sur sa décision. Une enquête judiciaire sera ouverte pour déterminer l'auteur de l'agissement ayant failli sérieusement contrarier le reste de leurs collègues dans l'exercice de leur mission. Abdelmoumene Khalifa qui avait été jugé par contumace, jugement devenu nul après son extradition, sera jugé dans la même affaire. Le président du tribunal criminel ayant prononcé la jonction des deux affaires. Le même tribunal avait prononcé en mars 2007, après un procès qui a duré près de trois mois, des peines allant d'une année à 20 ans de prison, et relaxé une cinquantaine de personnes parmi les accusés.