A l'occasion de la célébration de la Journée internationale de lutte contre la thalassémie, chaque 8 mai, le directeur général chargé de la prévention et de la promotion de la santé, M. Smaïl Mesbah, a annoncé qu'un plan national de prévention et de lutte contre la thalassémie est prévu en Algérie pour combattre cette maladie. Cette déclaration a été faite à l'auberge du lac Tonga (El Tarf) en présence du Pr. Bah Keita, représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de M. Dimitris Loukopoulos, président de la Fédération internationale de thalassémie et de drépanocytose (FIT) et de près de 200 participants. Pour M. Mesbah le but de ce programme est de "répondre aux besoins au triple plan de la prévention, du dépistage et du traitement de cette maladie qui se répand en Asie, dans le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient". Ce rendez-vous qui revient chaque 8 mai, vise à informer le grand public sur cette pathologie méconnue et sensibiliser les malades et leurs parents sur l'importance d'une prise en charge convenable pour limiter ses complications dévastatrices. Il est utile de rappeler que le terme thalassémie désignait, à sa découverte en 1925 par le docteur Cooley, une anémie chronique très sévère chez les sujets originaires du pourtour méditerranéen. La maladie se caractérise par une incapacité de l'organisme à fabriquer des globules rouges. Il en résulte une anémie, une fatigue, un retard de croissance et la nécessité de transfusions sanguines mensuelles à vie. Une maladie qui pourrait s'expliquer par des mariages consanguins ainsi que par l'endogamie. Les symptômes de cette pathologie qui se transmet à l'enfant par les parents sont visibles dès le sixième mois du nourrisson. A terme, a-t-on expliqué, "ces maladies (thalassémie et drépanocytose) provoquent des défaillances poly-viscérales et des décès prématurés, principalement chez les enfants, les adolescents et les femmes enceintes". La transfusion sanguine demeure le seul moyen de lutte contre cette maladie, et peut conduire au dépôt de fer dans les organes nobles à savoir le cœur, les reins, le foie et le pancréas. L'accumulation du fer dans les organes est considérée comme la première cause de mortalité par cette maladie, d'où l'importance du dépistage précoce. La thalassémie aussi rare soit-elle, représente une réalité dans notre pays. Quelque 5 % de la population mondiale sont "porteurs sains d'un gène drépanocytaire ou thalassémique", a-t-on fait savoir, précisant que ce taux "atteint les 25 % dans certaines régions et plus de 300 000 enfants, présentant une forme grave d'hémoglobinopathie, naissent, chaque année, dans le monde. Ainsi donc et concernant cette rencontre à El Tarf, première du genre à l'échelle nationale, elle est organisée par la direction de wilaya de la santé et de la population sous le slogan "prévenir la thalassémie, un véritable défi social". Elle constitue d'ailleurs un espace de concertation et d'échanges d'expériences entre experts, ont souligné les représentants de la FIT et de l'OMS, sans oublier mettre en exergue "la gravité de cette maladie qui, bien que figurant parmi les maladies génétiques les plus répandues en Afrique, demeure largement négligée, tout comme ses graves conséquences sanitaires et socioéconomiques". Selon le président de l'association des thalassémiques d'El Tarf M. Khemissi Abdi, on compte, à ce jour, 2.635 malades dont 70 % ne bénéficient pas d'une couverture sociale. Il a soutenu que ces malades "rencontrent des difficultés à suivre leur traitement, notamment pour leurs transfusions sanguines régulières, indispensables pour suppléer au manque d'hémoglobine et rester en vie". Cinq (5) thalassémiques ont perdu la vie en 2013, a-t-il rappelé, insistant sur l'importance de la prévention pour réduire l'apparition de nouveaux cas. De leur côté, les responsables de la direction de la santé et la population ont mis en avant "l'importance de la sensibilisation" qui permet de se prémunir au mieux de cette maladie héréditaire, favorisée par l'absence d'analyses prénuptiales et les mariages consanguins. A El Tarf où il a été recensé, en 2014, pas moins de 42 thalassémiques homozygotes (contre 32 en 2012), il est impératif, a-t-on ajouté au cours de cette rencontre médicale, d'amélioration la prise en charge des patients et de veiller à la disponibilité des médicaments chélateurs du fer. A noter que lors de cette rencontre, plusieurs communications ont traité du "programme de soins préventifs pour les thalassémiques et les drépanocytaires en Algérie", de la "prévention primaire, conseils génétiques et examen prénuptial" et "éducation thérapeutique de l'enfant thalassémique et de sa famille". Enfin, il est très important de rappeler que la volonté politique de l'Etat en matière d'amélioration de la prise en charge des patients atteints de ce mal, est perceptible sur le plan pratique pour mettre l'accent sur l'importance de ce programme qui "répond aux standards internationaux, élaboré en partenariat avec la FIT et le concours de l'OMS".