Près de 1.000 thalassémiques sont recensés en Algérie et ne bénéficient pas d'une bonne prise en charge en raison du manque de structures et de moyens mis à leur disposition, a indiqué, mercredi à Alger, le chef de service hématologie de Beni Messous, Meriem Belhani. "Les moyens consacrés à la prise en charge des 1000 thalassémiques enregistrés en Algérie ne sont pas suffisants. Le nombre de malades est en net augmentation d'où l'intérêt d'aménager des structures adéquates pour les suivre et les traiter", a précisé le Pr Belhani, lors d'une conference-débat, organisée au forum du quotidien national DK-News. La thalassémie est une maladie orpheline, héréditaire et congénitale qui se caractérise par une anémie hémolytique (destruction des globules rouges). Les personnes atteintes de cette maladie ont des difficultés respiratoires et leur organes ne sont pas suffisamment irrigués en oxygène, en raison du déficit en hémoglobine, contenu dans les globules rouges. Outre le manque de globules rouges, les malades développent d'autres affections notamment l'hypertrophie de la rate, la jaunisse et des maladies cardiaques, a souligné le Pr Belhani. Le dépistage de la thalassémie peut se faire de différentes manières, a expliqué la spécialiste, notant le dépistage anténatal et le dépistage périnatale. Le traitement de la thalassémie se fait par la transfusion sanguine don les effets secondaires se traduisent par l'accumulation de quantité importante de fer dans leur organisme, ce qui entraîne des pathologies cardiaques, a fait savoir la spécialiste. Pour y remédier, d'autres traitements accompagnateurs sont administrés aux patients, comme les kelateurs (produit éliminant le fer organique), a-t-elle ajouté. Le Pr Belhani a déploré le fait que ces médicaments ne soient pas disponibles en Algérie, ce qui oblige les médecins à recourir à d'autres méthodes d'élimination de ce fer, beaucoup plus contraignantes pour les thalassémiques. Les greffes de moelle peuvent aussi être envisagées chez les thalassémiques, si des donneurs compatibles sont disponibles dans la fratrie. "Lorsque il s'agit du premier enfant d'un couple, j'encourage les conjoints à faire un autre enfant pour étudier les possibilités de greffe chez l'enfant malade", a mentionné l'intervenante. Pour Mme Belhani, le préalable de la réalisation d'examens chez les thalassémiques et leurs familles est la disponibilité de laboratoires génétiques et de centres de greffes, ainsi que des équipes sanitaires pluridisciplinaires. S'agissant de la prévention, la spécialiste a appelé à la généralisation des tests prénuptiaux en Algérie pour détecter si les parents sont porteurs de maladies orphelines comme l'hémophilie, la thalassémie, la drépanocytose et autres. Lorsque les deux conjoints sont porteurs de l'une des maladies, le Pr Belhani a recommandé le recourt à la procréation médicalement assistée (PMA) chez le couple, pour faire des diagnostics préimplantatoires, avant de transférer l'embryon, sain, dans l'utérus de la maman.