Les forces saoudiennes et les milices houthies du Yémen ont échangé des tirs d'artillerie lourde dans la nuit de samedi à dimanche. Ces affrontements ont détruit une partie du principal point de passage frontalier entre les deux pays. Le point de passage de Haradh a été évacué sous les bombardements qui ont rasé sa salle d'attente pour les départs et sa section pour les passeports, ont rapporté des témoins. Les habitants de plusieurs villages yéménites dans le secteur ont quitté leur domicile pour s'éloigner de la zone frontalière, qui s'est transformée en ligne de front entre l'Arabie saoudite sunnite et les rebelles houthis alliés à l'Iran chiite. A Taëz, ville du centre du Yémen, des habitants ont signalé que les forces houthies et des combattants qui soutiennent le président Abd-Rabbou Mansour Hadi ont aussi échangé des tirs. Les Houthis ont pris le contrôle d'une base militaire.
Discussion attendue Des raids aériens de la coalition arabe ont également visé samedi trois bases militaires à Sanaa, ont rapporté des habitants. Un dépôt de munitions, qui a été touché, a explosé et projeté en l'air roquettes et autres projectiles, qui sont retombés sur des habitations. La coalition arabe sous conduite saoudienne bombarde depuis fin mars les miliciens chiites houthis et soutient les combattants yéménites en lutte contre ces miliciens dans le Sud. Le gouvernement yéménite en exil en Arabie saoudite, dirigé par M. Hadi, s'est montré samedi très réservé à l'idée de participer à des pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU le 28 mai à Genève. Un porte-parole du gouvernement en exil a estimé que les Houthis et leur puissant allié, l'ex-président Ali Abdallah Saleh, devaient d'abord appliquer la résolution 2216 du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant entre autres leur retrait des principales villes du Yémen.
Plus de temps réclamé "Il faudra probablement plus de temps et de préparation pour tenir la conférence prévue à Genève. L'autre partie, les miliciens houthis et M. Saleh, n'a pas reconnu la légitimité du président Hadi (...) Jusqu'à présent, ils ne se sont pas clairement prononcés sur la résolution 2216", a ajouté le porte-parole. Une délégation de représentants houthis est arrivée au sultanat d'Oman pour des discussions sur le conflit yéménite avec le gouvernement de Mascate, qui, jusqu'à présent, a transmis des messages entre les miliciens chiites et l'Arabie saoudite. "J'espère qu'il y a un consensus pour arrêter l'agression dont est victime le Yémen, notamment à l'approche de la conférence de Genève, et pour que prenne place ensuite un dialogue inter-yéménite sérieux, dans le but de consolider l'Etat et de travailler à la sécurité et à la stabilité", a dit le porte-parole des Houthis. Les Houthis réclament l'établissement d'un cessez-le-feu avant de participer aux pourparlers de paix et excluent de se retirer des villes yéménites et de la capitale, dont ils ont pris le contrôle en septembre dernier.
Un avion iranien d'aide humanitaire empêché d'atterrir à Djibouti Un avion du Croissant -Rouge iranien chargé de 20 tonnes d'aides alimentaires a été empêché d'atterrir à Djibouti où les Nations unies ont établi une plate-forme de distribution d'aides destinées au Yémen. Malgré la coordination avec les Nations unies et le Programme alimentaire mondial, l'avion n'a pas été autorisé à atterrir à Djibouti, a déclaré un responsable du Croissant -Rouge iranien, sans préciser de qui exactement provenait l'interdiction. L'avion a atterri à Chabahar (sud-est de l'Iran) en attendant que le ministère des Affaires étrangères obtienne cette autorisation, a-t-il ajouté. Fin avril, l'aviation saoudienne avait empêché un appareil iranien chargé selon Téhéran d'une cargaison d'aide humanitaire d'atterrir à Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par la rébellion chiite. En revanche, le cargo iranien MV Shahed, rebaptisé pour l'occasion Nejat (sauvetage en persan), avec 2 500 tonnes d'aides humanitaires destinées au Yémen à son bord, a accosté la nuit dernière à Djibouti, selon le Croissant -Rouge iranien. L'aide est en train d'être déchargée à Djibouti et sera ensuite distribuée au Yémen en coordination avec le Programme alimentaire mondial, a ajouté le responsable du Croissant -Rouge iranien. Les Nations unies ont confirmé la réception du navire et son déchargement. Téhéran avait dans un premier temps affirmé s'être coordonné avec les Nations unies pour que le navire décharge dans le port yéménite d'Hodeida, sur la mer Rouge, qui est contrôlé par les rebelles chiites houthis. Mais l'Iran a finalement accepté que l'aide soit envoyée à Djibouti avant d'être acheminée vers le Yémen. Des négociations ont été menées avec le PAM pour que, si possible, nos équipes participent aussi à la distribution de l'aide médicale et aux soins, nous attendons leurs réponses, a déclaré le même responsable du Croissant-Rouge iranien. L'Iran veut envoyer un second navire avec 12 000 tonnes d'aides humanitaires destinées au Yémen. Le chargement du navire prendra une semaine. Nous n'avons pas encore de date pour son départ, a déclaré le même responsable. Puissance chiite régionale, l'Iran dénonce vigoureusement les raids menés depuis fin mars par l'Arabie saoudite et ses alliés arabes sunnites contre les positions des rebelles houthis, qui ont conquis plusieurs régions du Yémen. Téhéran dénonce également le soutien des Etats-Unis à la coalition.